En Algérie, Lafarge touche à tout
Leader en Algérie, le groupe français Lafarge se place en aval de la production avec sa propre chaîne de distribution, et en amont avec un laboratoire de développement.
Septembre 2013, à Alger. Au sein du tout nouveau magasin Batistore, les équipes de Lafarge, leader en Algérie avec près de la moitié de la production nationale (estimée à 21 millions de tonnes de ciment par an), sont chez elles. Le cimentier français est le propriétaire de cette chaîne de magasins spécialisée dans la vente de matériaux de construction : du ciment, du béton et du plâtre Lafarge, bien entendu, mais pas seulement.
Franchises
Pour le cimentier, présent dans le pays depuis 2002 mais en position de force depuis le rachat d’opérations d’Orascom Cement en 2008, l’ouverture de ce magasin n’a rien d’anecdotique. D’ici à 2016, 25 points de vente de ce type devraient fleurir sur le territoire national à travers un réseau de franchises. « Batistore va permettre à Lafarge de toucher une clientèle plus spécialisée, comme les architectes, les bureaux d’études, les PME de construction, etc. », souligne Mohamed Nadjib Oudjit, professeur de génie civil et spécialiste du béton.
Batistore n’est pas la première initiative de Lafarge dans le domaine de la distribution, enjeu clé dans un secteur d’activité où il est préférable d’éviter les longues durées de transport : le leader mondial du ciment a créé en 2012 un réseau similaire au Maroc, baptisé Mawadis, qui compte plus de 60 enseignes à travers le pays.
Lire aussi :
Lafarge et Holcim cimentent leur union
Lafarge ouvre un pôle de recherche en construction en Algérie
En Afrique, la bataille des cimentiers a commencé
En Algérie, où Lafarge compte 2 600 collaborateurs, deux cimenteries et 22 centres de production de béton, le groupe français a lancé l’année dernière une autre de ses innovations : un laboratoire de développement de la construction.
Inauguré en novembre 2013 par Bruno Lafont, le PDG de la multinationale, ce centre est le quatrième du genre dans le monde, après trois autres en France, en Chine et en Inde. « Avec ce laboratoire, Lafarge Algérie devient un producteur d’informations stratégiques sur le ciment et la construction, notamment dans le domaine des normes », décrypte le journaliste économique Abdelkader Zahar.
Incontournable
Sur 2 300 m2 se côtoient un laboratoire spécialisé dans le ciment, le béton et les granulats ; un autre dévolu aux systèmes constructifs ; un pôle scientifique et académique ; et un pôle de prescription. Objectif : créer les produits les mieux adaptés aux marchés locaux. « Lafarge Algérie est en train de passer du statut de simple producteur à celui d’acteur touche-à-tout qui va devenir incontournable dans le secteur », juge un spécialiste.
Financièrement, le pays le lui rend bien : en 2013, Lafarge y a connu une croissance de ses ventes de 8,9 % (pour un total d’environ 600 millions d’euros), contre 0,8 % au Maroc voisin et une chute de 7,8 % en Égypte. Mais le groupe français devra régler les conflits salariaux qui minent sa filiale algérienne. Début mars, seize travailleurs de la cimenterie d’Oggaz ont entamé une grève de la faim pour demander leur réintégration. Une situation que Lafarge semble pour l’instant très mal gérer…
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs ...
- Au Maroc, l’UM6P se voit déjà en MIT
- Aérien : pourquoi se déplacer en Afrique coûte-t-il si cher ?
- Côte d’Ivoire : pour booster ses réseaux de transports, Abidjan a un plan
- La stratégie de Teyliom pour redessiner Abidjan