Panique à TiBrava

Mêlant cocasse et tragique, Kangni Alem a l’art de brouiller les genres.

Publié le 14 juin 2005 Lecture : 1 minute.

Togolaises ! Togolais ! En ces temps troublés, voilà une occasion de vous réjouir : le nouveau roman de votre compatriote, le dramaturge et romancier Kangni Alem, vient de paraître. Bien sûr, dans Canailles et charlatans, on ne parle jamais du Togo, mais d’un petit pays d’Afrique appelé TiBrava. Et l’on retrouve avec beaucoup de plaisir l’une des héroïnes de Cola Cola Jazz, le précédent livre de Kangni Alem, Grand Prix littéraire de l’Afrique noire en 2003. Cette belle s’appelle Héloïse, et sa mission est des plus sacrées : retourner au pays natal pour y disperser les cendres de sa mère… Mais pas n’importe où ! Une partie dans l’Atlantique et l’autre dans le lit de son père, pour une ultime nuit d’amour. Manque de chance, Héloïse se fait chaparder l’urne funéraire au passage de la frontière, incident annonciateur d’une multitude d’aventures au cours desquelles notre charmante héroïne redécouvre son pays et ceux qu’elle y a laissés, son père le député Bhinneka aux idées politiques interchangeables, le sulfureux Sosthène, ou encore le commissaire divisionnaire Idriss, dit Péché Mignon.
Du cocasse au tragique, Kangni Alem nous promène au gré de son imagination à travers le monde et les embrouilles des voyous à la manque de TiBrava, « merde de caméléon ». Il brosse un portrait doux-amer des moeurs tiBraviennes, qu’elles soient politiques, religieuses ou sexuelles. Gouailleur, Kangni Alem abuse parfois des adjectifs épithètes, mais cela ne devrait pas empêcher ses lecteurs de se ruer sur Le Temps des caravelles, troisième roman à paraître en septembre 2005 chez le même éditeur.

Canailles et Charlatans, de Kangni Alem, Dapper, 178 pages, 12 euros.

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