Le Nigeria devient la première économie africaine
À la suite d’un changement de calcul, le PIB nigérian atteint désormais 510 milliards de dollars, contre 384 milliards en 2012 pour l’Afrique du Sud. La révision statistique était attendue depuis longtemps mais son ampleur surprend.
Mise à jour du 7 avril 2014 à 8h53CET : ajout des citations de Renaissance Capital sur la contribution des services au bond du PIB nigérian.
Le Nigeria est devenu officiellement dimanche 6 avril la première économie du continent, passant devant l’Afrique du Sud. À la suite d’un changement de calcul statistique, le chef du Bureau national des statistiques, Yemi Kalele, a annoncé que le produit intérieur brut (PIB) du pays d’Afrique de l’Ouest était désormais de 510 milliards de dollars, contre 262 milliards en 2012. Le PIB sud-africain était d’environ 384 milliards de dollars cette même année.
Le Nigeria devient la 26e plus grande économie dans le monde
Ngozi Okonjo-Iweala
L’AFP rappelle dans une dépêche que des statisticiens des Nations unies recommandent aux pays de modifier tous les cinq ans le mode de calcul de leur PIB pour prendre en compte les évolutions dans la production et la consommation. Le Nigeria n’avait pas modifié sa méthode de calcul depuis 1990, utilisant donc une ancienne base statistique à l’instar de nombreux pays africains.
« Le Nigeria est devenu la plus grande économie en Afrique en terme de PIB et devient la 26e plus grande économie dans le monde », s’est réjoui la ministre des Finances Ngozi Okonjo-Iweala, citée par l’AFP. « Sur la base du revenu par tête, le Nigeria arrive en 121e position dans le classement mondial », a-t-elle ajouté. Le PIB par tête est désormais de 2688 dollars contre 1555 dollars en 2012. Celui de l’Afrique du sud reste nettement plus élevé, à 7 508 dollars.
Ce nouveau calcul du PIB nigérian était attendu depuis longtemps mais l’ampleur du changement, qui place le Nigeria au même niveau que la Pologne, la Belgique, l’Argentine, l’Autriche selon la banque d’affaires Renaissance Capital, a créé la surprise.
Plus élevé que prévu
« L’étendue du nouveau calcul du PIB – bien plus élevé que le haut des attentes qui tournaient autour de 400 milliards de dollars – m’a prise par surprise, souligne ainsi Razia Khan, chef économiste Afrique pour la banque Standard Chartered, dans un message adressé à Jeune Afrique. Nous savons tous que l’économie nigériane a été sensiblement sous-estimée, mais peu de personnes s’attendait à une révision de cette importante. Il s’agit de 100 milliards de dollars de plus que le consensus ! »
La banque d’affaires Renaissance Capital s’attendait en 2013 à une révision d’environ 40%, pas de 95%…
En mars 2013, la banque d’affaires Renaissance Capital estimait que l’économie nigériane « serait d’ici trois à cinq ans au moins aussi importante que l’économie sud-africaine. La banque d’affaires qui connaît très bien le pays s’attendait à une révision d’environ 40%, alors qu’elle a finalement atteint environ 95%…
Télécoms et Nollywood
« L’augmentation spectaculaire du PIB est en grande partie attribuable au secteur des services, qui a plus que triplé en termes nominaux. La part des services dans le PIB a bondi à 53 %, contre 29 % auparavant, a souligné dans une note diffusée le 7 avril au matin Yvonne Mhango, économiste chez Renaissance Capital. Ceci est partiellement dû à la flambée de la contribution des télécoms, à 9 % du PIB, contre 1 % précédemment, et l’émergence d’un nouveau secteur, « Nollywood » (1,2% du PIB). Comme on s’y attendait, la part de l’agriculture a diminué de 22 % (contre 35 %). Le triplement de l’industrie manufacturière dans le PIB, à 7 % (contre 2%), a été contrecarrée par la baisse du pétrole et du gaz, à 14 % (contre 33%), ce qui explique le déclin global de l’industrie à 25 % du PIB (contre 36%). »
Inégalités plus fortes
Pour les 64% des Nigérians qui vivraient avec moins de un dollar par jour, cette bonne nouvelle n’en est pas forcèment une. D’abord parce que le pays aux 170 millions d’habitants n’est pas réellement plus riche qu’avant : la modification du calcul relève de la simple mise à jour statistique. « Pour tous ceux que vivent avec beaucoup moins que les 2688 dollars moyens, cela devrait renforcer l’impression de marginalisation. Les inégalités de revenus sont désormais officiellement plus élevés qu’on ne le pensait, ce qui risque de contribuer à la perception du risque politique dans le pays. »
Le changement de calul devrait toutefois contribuer à modifier la perception des économies africaines par les investisseurs internationaux. Le changement de méthode de calcul «est plus cosmétique qu’autre chose. Mais nous pensons que cela va augmenter les opportunités d’investissement au Nigeria », a estimé de son côté Chuba Ezekwesili, un économiste du centre de recherche Nigeria Economic Summit, interrogé par l’AFP.
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