La bataille de Waterloo

Publié le 13 juin 2005 Lecture : 3 minutes.

« Ai-je réellement assisté à une bataille ?… Et en second lieu, cette bataille était-elle Waterloo ? » se demande Fabrice del Dongo dans La Chartreuse de Parme de Stendhal, ce grand admirateur de Napoléon.
Inutile de dire qu’il s’agissait bien d’une bataille ! Et même de l’une des plus célèbres de l’Histoire. En ce 18 juin 1815, après vingt ans de gloire et de conquêtes, la défaite de l’empereur laisse la France humiliée, dépecée, plus petite qu’avant la Révolution. Tout en inspirant les élans les plus épiques.
Trois mois auparavant, le 13 mars 1815, soit moins de quinze jours après le débarquement de Napoléon à Golfe-Juan, en Provence, les Alliés déclarent qu’« en rompant la convention qui l’avait établi à l’île d’Elbe » [premier traité de Paris], celui-ci « s’est placé hors des relations civiles et sociales », et que « comme ennemi et perturbateur du repos du monde, il s’est livré à la vindicte publique ».

La 7e coalition antifrançaise se met en place. Cette fois, les puissances européennes sont résolues à se débarrasser définitivement de Napoléon Bonaparte. Le 31 mars, une convention militaire décrète la mobilisation de 800 000 hommes formant trois armées. La principale, celle qui doit envahir la France, est composée d’Anglais, commandés par Arthur Wellesley, duc de Wellington, de Prussiens sous les ordres de Gebhard Leberecht von Blücher, et de Hollandais. En tout, 210 000 soldats.
Puisqu’il faut encore une fois combattre, Napoléon choisit de ne pas laisser à ses adversaires le temps d’achever leurs préparatifs. Il fonce sur la Belgique avec une armée de 124 000 hommes. Le 15 juin, il franchit la Sambre à Charleroi. Le 16, il bat Blücher à Ligny, près de Fleurus, mais sans écraser complètement les Prussiens. Il charge le maréchal Emmanuel Grouchy de les poursuivre et se retourne contre les Anglais. Wellington s’est retranché au sud du village de Waterloo, à une douzaine de kilomètres de Bruxelles.
Citons Mallet-Isaac, le célèbre manuel d’histoire :
« La bataille s’engagea le dimanche 18 juin. La veille, il y avait eu un violent orage. […] Pour laisser un peu de repos aux troupes brisées de fatigue et surtout pour que le sol où l’armée ne pouvait manoeuvrer eût le temps de se raffermir sous le soleil, il fallut retarder le début de l’action jusqu’à près de midi. Ce retard perdit Napoléon. »
Et puis, Victor Hugo, bien sûr :
« Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! Morne plaine ! […]
Le soir tombait : la lutte était ardente et noire.
Il avait l’offensive et presque la victoire ;
Il tenait Wellington acculé sur un bois.
Sa lunette à la main, il observait parfois
Le centre du combat, point obscur où tressaille
La mêlée, effrayante et vivante broussaille,
Et parfois l’horizon, sombre comme la mer.
Soudain, joyeux, il dit : Grouchy ! – C’était Blücher.
L’espoir changea de camp, le combat changea d’âme. […]
Carnage affreux ! Moment fatal ! L’homme inquiet
Sentit que la bataille entre ses mains pliait.
Derrière un mamelon la garde était massée.
La garde, espoir suprême et suprême pensée ! […]
La garde impériale entra dans la fournaise… »
(Ces vers sont tirés de « L’expiation », dans Les Châtiments.)
Laissons le dernier mot à Cambronne.
Un chercheur a retrouvé le témoignage d’un cultivateur du Nord, Antoine Deleau, qui fut par la suite maire de son village, vers le milieu du XIXe siècle. Deleau était à deux mètres du général Pierre Jacques Étienne Cambronne, baron d’Empire, à la tête, ce jour-là, du 1er régiment de chasseurs à pied de la Garde.

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Première semonce, en français : « Grenadiers, rendez-vous ! » Réplique : « La Garde meurt, mais ne se rend pas ! »
Le général anglais commande le feu. Le carré se reforme. Nouvelle semonce : « Grenadiers, rendez-vous ! Vous serez traités comme les plus beaux soldats du monde ! » Nouvelle réplique : « La Garde meurt… »
« Cette fois, raconte Deleau, ce furent les soldats anglais qui nous implorèrent de nous rendre. Et c’est alors que, fou de colère, Cambronne lâcha son fameux « merde ! ». Ce fut le dernier mot que j’entendis, car je reçus un boulet dans mon colback [bonnet à poil] qui m’étendit sans connaissance sur un tas de cadavres. »
Fait prisonnier et acquitté par un conseil de guerre anglais le 26 avril 1816, marié à une Anglaise et promu vicomte et chevalier de Saint-Louis par le roi Louis XVIII, Cambronne (1770-1842), pour sa part, a toujours nié avoir prononcé ce mot.

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