Crise du Golfe : Abou Dhabi et Doha se réconcilient… du bout des lèvres
Malgré leurs fortes réticences, les Émirats arabes unis ont signé l’accord d’Al-Ula, qui prévoit une reprise des relations avec le Qatar. Mais rien n’est réglé entre Abou Dhabi et Doha, dont la rivalité s’exprime notamment en Afrique.
En signant l’accord d’Al-Ula, le 5 janvier dernier, les Émirats arabes unis se sont prêtés à un exercice compliqué : celui du grand écart diplomatique. Moins de deux mois auparavant, Yousef Al Otaiba, le flamboyant ambassadeur des Émirats arabes unis aux États-Unis déclarait, en effet, que la fin du blocus contre le Qatar, initié en 2017 par son pays, l’Arabie saoudite, Bahreïn et l’Égypte, n’était pas près d’arriver. « Ce n’est pas sur la liste des priorités. Ils veulent suivre leur chemin et nous suivons le nôtre », avait-il lâché d’un ton résolu alors que les Saoudiens envoyaient des signaux contraires, indiquant leur intention de renouer avec le frère ennemi.
Et pourtant, voilà qu’en ce début d’année 2021, Mohammed Ben Rashid Al Maktoum, le vice-président des Émirats arabes unis et émir de Dubaï, pose sa signature sur un document qui prévoit une reprise des relations diplomatiques et économiques avec Doha, avec lequel la pétromonarchie se trouve aux antipodes idéologiques. Pour Abou Dhabi, plus encore que pour les autres membres du quartet, l’enjeu du blocus était en effet hautement stratégique : il s’agissait, ni plus ni moins, de tenter de définir les paramètres de la culture politique arabe pour les prochaines décennies.
Une culture où l’islam politique n’a pas sa place, alors que le petit émirat gazier est soupçonné de soutenir les Frères musulmans et de frayer d’un peu trop près avec Téhéran. Que Doha se soit autant rapproché de la Turquie, résultat paradoxal de cet embargo initié en juin 2017, n’a fait que renforcer la conviction émirienne : dans cette nouvelle configuration géopolitique, il n’y avait pas grand-chose à attendre d’une réconciliation avec ce voisin.
Volonté saoudienne
Mais cet argument, ni les Saoudiens, pressés de donner des gages à une nouvelle administration américaine peu encline à leur faire des cadeaux, ni l’équipe Trump, soucieuse d’engranger un ultime succès diplomatique au Moyen-Orient, ne voulait plus l’entendre. Lorsque Jared Kushner, le beau-fils de Donald Trump, s’est rendu dans le Golfe fin novembre, il ne s’est d’ailleurs pas arrêté à Abou Dhabi.
Si ça ne tenait qu’à eux, ils auraient préféré poursuivre le boycott
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