Algérie : comment Ahmed Ouyahia revendait les lingots d’or offerts par des émirs
L’ancien Premier ministre a refusé à deux reprises de révéler l’origine de sa fortune avant de finir par craquer lors d’un procès en appel, le 9 janvier. Des révélations qui provoquent choc et consternation au sein de l’opinion.
Samedi 9 janvier, alors qu’il comparaissait en appel dans le cadre d’une affaire de montage automobile, l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia s’est enfin confessé sur l’origine des 600 millions de dinars (3,73 millions d’euros) retrouvés sur ses quatre comptes bancaires. L’argent provenait de la revente au marché noir de lingots d’or que des émirs du Golfe lui avaient offerts au cours de visites officielles ou à l’occasion de leurs multiples escapades en Algérie, notamment pour des parties de chasse dans le désert ou dans les Hauts plateaux.
Plusieurs fois condamné dans diverses affaires de corruption, Ahmed Ouyahia a d’abord refusé de dire la vérité pour ne pas, argue-t-il, « porter atteinte aux relations de mon pays avec des pays amis et frères ». Mais sur insistance de la présidente du tribunal, il a fini par lâcher le morceau. Le sexagénaire a reçu 60 lingots d’or entre 2014 et 2018, à l’époque où il était directeur de cabinet à la présidence de la République, puis Premier ministre. Il avait alors proposé ces lingots à la Banque d’Algérie en échange d’une compensation financière, mais sa proposition a été refusée. Pourquoi ? Il ne s’étale pas sur le sujet.
Générosité des princes
L’ancien Premier ministre algérien décide alors de revendre les lingots au marché noir via des intermédiaires, avant de déposer le fruit de la vente sur ses comptes algériens sans jamais les déclarer au fisc. L’ex-Premier ministre n’a pas non plus déclaré ses dons reçus, comme l’exige pourtant la législation. Incarcéré depuis août 2020 à la prison d’Abadla, plus de 1 000 kilomètres au sud-ouest d’Alger, Ahmed Ouyahia affirme pour sa défense avoir informé le procureur général sur l’origine de cette fortune.
Si j’avais fait preuve de transparence, le pays aurait coulé
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