GSPC : l’ombre de Ben Laden

Publié le 14 juin 2005 Lecture : 2 minutes.

Né en 1998 d’une scission au sein des Groupes islamiques armés (GIA), le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a été créé par Hassan Hattab, cadet d’une fratrie célèbre dans les milieux islamistes algériens. La dissidence a été provoquée par les choix stratégiques du chef des GIA, Antar Zouabri, qui avait opté pour les massacres collectifs de villageois afin de contraindre la population de se joindre à l’insurrection contre le pouvoir. Jusqu’en 1997, les GIA avaient la bénédiction de l’internationale islamiste, à travers Oussama Ben Laden et son représentant en Europe, le Palestinien Abou Qotada. Mais la dérive meurtrière des GIA est dénoncée par la nébuleuse al-Qaïda. Abou Qotada, auteur de la fatwa rendant licite le sang des Algériens qui refusent le djihad, doit faire marche arrière. Ben Laden suggère la création d’une nouvelle organisation djihadiste en Algérie. Hassan Hattab prend ses distances avec Zouabri, s’entoure d’une centaine de fidèles en Kabylie et structure ce qui deviendra le GSPC. L’organigramme est établi. En haut de la pyramide, Hassan Hattab, secondé par trois hommes : Amara Saïfi, alias Abderrezak el-Para, dirige la zone 5, limitrophe à la Tunisie ; Nabil Sahraoui hérite du Sud-Est ; et Mokhtar Bel Mokhtar, alias Laouer (« le borgne »), continue de superviser les activités dans le Grand Sud, la région la plus « rentable » en matière de racket et de trafic en tout genre.
En septembre 2001, Amara Saïfi reçoit un émissaire de Ben Laden, le Yéménite Mohamed Allaoune, qui lui suggère de renforcer la présence du GSPC dans la région du Sahel pour faire de celle-ci un sanctuaire islamiste. Une stratégie qu’il ne commencera de mettre à exécution que dix-huit mois plus tard. Pour financer cette opération, il prend en otages une trentaine de touristes occidentaux dans le désert algérien. La moitié sera libérée par l’armée, l’autre, transférée vers le Mali par les ravisseurs. Une rançon est négociée et les otages seront libérés en territoire malien.
Au Sahel, le GSPC connaît de nombreuses déconvenues, dont l’arrestation puis l’extradition de Saïfi vers l’Algérie. Les aveux de ce dernier constituent une mine d’informations. Le groupe qui a survécu à ces coups de boutoir est toujours installé dans le nord du Mali. On connaît désormais ses interlocuteurs locaux, ses pourvoyeurs en armes et en combattants. Ainsi, les Kountas, des Maures noirs, fournissent le plus gros contingent de nouvelles recrues. De nombreux officiers de l’armée malienne sont cités comme pourvoyeurs en armes, tous calibres confondus. Ces informations ont été transmises aux Américains, aux Maliens et aux Mauritaniens. C’est sur la base de celles-ci qu’a été conçue – donc bien avant l’attaque contre la base mauritanienne – l’opération Flintlock 2005, des manoeuvres entre Américains et Algériens dans l’Adrar Ifora (Sahara algérien), entre les 6 et 26 juin.

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