Cadeau empoisonné

Le président de la Commission en mauvaise posture.

Publié le 13 juin 2005 Lecture : 2 minutes.

Quand, l’été dernier, son vieil ami l’armateur grec Spiros Latsis lui a proposé une croisière d’une semaine en famille à bord de son yacht, José Manuel Barroso a sauté sur l’occasion. Il venait de prendre la présidence de la Commission européenne et avait besoin de repos avant de s’atteler à sa nouvelle tâche… Vacances de rêve ? Non, cadeau empoisonné. Car le « Yachtgate », comme on dit aujourd’hui à Bruxelles, a conduit soixante-dix-sept eurodéputés conduits par le Britannique Nigel Farage à déposer une motion de censure contre la Commission.
Le coût de la croisière incriminée est évalué par le quotidien allemand Die Welt à environ 20 000 euros. Le problème est que, selon le code de bonne conduite en vigueur, les membres de la Commission ne peuvent accepter de cadeaux d’une valeur supérieure à 150 euros. Mais ce n’est pas le seul. Un mois plus tard, en effet, une aide régionale de 10 millions d’euros a été octroyée à la compagnie de transport maritime de Latsis. Avec le feu vert de la Commission. Fâcheux pour un apôtre de la transparence qui se vante d’avoir instauré de sévères règles de gestion.
Le 25 mai, devant le Parlement, Barroso s’est défendu bec et ongles. Revendiquant le droit d’avoir une vie privée, il a précisé que l’aide allouée à l’armateur avait été autorisée par Romano Prodi, son prédécesseur à la tête de la Commission, puis dénoncé ce qu’il considère comme une manipulation visant à affaiblir l’Europe en cette délicate période de ratification de sa Constitution. Ou comme un « abus de démocratie ». Barroso étant soutenu par les quatre principaux groupes parlementaires, la motion de censure a été aisément repoussée, mais il ne sort pas indemne de l’affaire. Il y a quelques semaines, il avait déjà été critiqué en raison de la double rémunération (en Belgique et au Portugal) dont bénéficiaient ses cinq gardes du corps…
Quoi qu’il en soit, le président de la Commission adopte désormais un profil résolument bas. On ne l’a guère entendu pendant les récentes campagnes référendaires en France et aux Pays-Bas, et, le 18 mai à Lisbonne, il s’est même abstenu d’assister à la finale de la Coupe de l’UEFA entre le Sporting du Portugal et le CSKA Moscou. Sans doute a-t-il en mémoire le sort d’Ernst Welteke. L’an dernier, l’ancien président de la Banque centrale allemande avait en effet été contraint de démissionner. Parce qu’avec sa famille il avait passé quatre nuits dans un palace berlinois. Aux frais de la princesse !

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