Bénéfice brut

Difficile d’évaluer le montant des futures recettes pétrolières. Toutefois, compte tenu des prévisions de production, il est certain que l’or noir va doper la croissance économique : celle-ci devrait atteindre 9 % en 2006.

Publié le 14 juin 2005 Lecture : 3 minutes.

Les hydrocarbures vont fournir dès l’an prochain de nouveaux revenus à la Mauritanie. Mais combien le pays va-t-il réellement gagner ? Dans un premier temps, les recettes pétrolières proviendront du seul champ offshore de Chinguetti-B. Le contrat de partage prévoit trois sources de revenus.
La première vient des royalties, dont le taux varie en fonction du niveau de production. De 30 % lorsque ce niveau est inférieur à 25 000 barils par jour (b/j), elles peuvent atteindre jusqu’à 50 % au-delà de 100 000 b/j. Elles sont calculées sur la base du profit oil, c’est-à-dire sur ce qui reste des revenus provenant de la vente après déduction des coûts d’exploitation, appelés le cost oil.
Outre les royalties, le gouvernement encaisse des impôts sur bénéfices de l’ordre de 25 %. Enfin, il encaisse les revenus de la part de 12 % qu’il a acquise dans le capital de la société opératrice pour pouvoir s’assurer un siège dans son conseil d’administration. Cette part, obtenue grâce à un prêt remboursable à partir du pétrole qui lui reviendra, pourra s’élever à 16 %, une fois la production de Chinguetti-B stabilisée à 75 000 b/j ou plus.
Pour autant, il ne faut pas s’attendre à ce que les recettes en pétrodollars renflouent les caisses de l’État mauritanien dès le début de 2006. En effet, 60 % des recettes de production de Chinguetti seront affectés au remboursement des frais d’exploration, de développement et d’exploitation (cost oil) avancés par la compagnie australienne Woodside depuis 1998 et estimés à environ 600 millions de dollars. Le cost oil devrait décroître à partir de la troisième année, mais, en attendant, la Mauritanie et les compagnies partenaires ne se partageront que 40 % de la production. Au total, et selon les calculs des experts, la part qui devrait revenir à Nouakchott est de 19 000 b/j, sur une production initiale de 75 000 b/j (environ 4 millions de tonnes par an). Sur la base du prix actuel du baril à 50 dollars en moyenne, cela équivaut à une recette de 950 000 dollars par jour. Selon les calculs d’experts, compte tenu des aléas et du fait que la production mettra environ trois mois pour atteindre sa vitesse de croisière initiale, les recettes de la Mauritanie en 2006 devraient varier entre 200 millions et 300 millions de dollars. C’est peu à côté de pays pétroliers africains comme le Nigeria (2,5 millions de b/j), l’Algérie ou la Libye. Mais c’est tout de même appréciable, quand on sait que cela représente entre 40 % et 50 % du budget de l’État mauritanien en 2005. Et sur le plan comptable, Chinguetti pourrait aller à terme jusqu’à doubler le PIB du pays. Ses réserves prouvées et probables sont de l’ordre de 120 millions de barils. La durée de vie du champ est estimée à une dizaine d’années, en fonction du rythme d’extraction, qui pourrait tripler à l’horizon 2010 si la deuxième phase de forage programmée à partir de 2007-2008 se révèle concluante.
Outre Chinguetti-B, quatre autres découvertes en offshore ont été enregistrées, dont deux sites pétroliers avec les champs de Tiof, et deux sites gaziers avec Banda et Pelican. En attendant les résultats des évaluations d’exploitation commerciale en cours, Tiof et Banda sont actuellement les plus prometteurs. Tiof contient, selon Woodside, des réserves récupérables de 287 millions de barils, soit plus du double de celles de Chinguetti (120 millions de barils), une trentaine de kilomètres plus au sud. Cependant, l’une des compagnies associées, Hardman, estime le potentiel de Tiof à 1 milliard de barils, ce qui laisse supposer que les réserves récupérables pourraient être plus importantes que celles estimées par Woodside. La décision de développement de Tiof, situé à une profondeur marine de 1 000 à 1 500 mètres, devrait être prise à la mi-2005 ou, au plus tard, durant le troisième trimestre, à la lumière des tests de production qui se sont achevés en février dernier. L’exploitation démarrerait vers septembre 2006. Les experts estiment que la production pétrolière de la Mauritanie, et donc la part qui lui revient, devrait au moins tripler en 2007. Le champ gazier de Banda, situé à une vingtaine de kilomètres à l’est du champ pétrolier de Chinguetti, n’est pas moins prometteur.
Au total, les réserves du pays s’élèvent actuellement à plus de 400 millions de barils de brut (Chinguetti et Tiof) et à 30 milliards de m3 de gaz (Banda). Et ce n’est qu’un début. L’exploration se poursuit dans les blocs jusqu’ici attribués : 9 en offshore, 3 côtiers et 6 en onshore dans le bassin de Taoudeni. Et 42 autres blocs sont encore disponibles, pour le plus grand bénéfice des investisseurs qui se bousculent à Nouakchott.

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