Attention, chantiers !

Adductions d’eau, connexions électriques, projets routiers… les investissements publics bénéficient déjà de la future manne pétrolière.

Publié le 14 juin 2005 Lecture : 4 minutes.

Comment le gouvernement mauritanien envisage-t-il d’utiliser les revenus du pétrole ? Quels grands projets verront le jour ? Quel impact auront-ils sur le bien-être de la population ? Le président Ould Taya s’en est ouvert pour la première fois le 28 avril, dans un discours prononcé à Akjoujt, dans l’Inchiri : « L’apport de l’exploitation pétrolière sera des plus importants pour le citoyen et pour l’État, a-t-il indiqué. Il aura un effet bénéfique sur l’emploi, l’activité des entreprises. Il assurera à l’État de nouvelles ressources financières, lui donnera de nouvelles armes dans la lutte contre la pauvreté, avec la construction d’hôpitaux, d’universités, d’écoles, d’aéroports… Voilà ce que nous offrira le pétrole. » Cet argent, a-t-il précisé, permettra un investissement accru dans le domaine des infrastructures. Planifiés depuis la découverte de pétrole en 2001, certains projets sont d’ailleurs déjà en cours d’exécution.
C’est ainsi que le projet d’adduction d’eau d’Aftout Es-Saheli va enfin devenir réalité (voir encadré). Cette réalisation, qui assurera l’alimentation de Nouakchott à partir du fleuve Sénégal, fournira 170 000 m3 d’eau par jour. La satisfaction des besoins de la capitale est donc assurée jusqu’en 2020. Il assurera en outre l’approvisionnement de plusieurs agglomérations. Le financement de 220 millions de dollars de la première phase a été bouclé. Les appels d’offres pour la réalisation des travaux seront lancés en juillet prochain. Leur démarrage effectif est prévu au mois de février 2006.
Toujours dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, l’électrification et l’approvisionnement en eau potable de vingt-quatre villes sont programmés avant la fin de 2008. Quinze d’entre elles, dont des capitales départementales comme Djingueni, Koboni, Oualata, Tichitt, Mederdra et Bir Moghrein, seront connectées à un réseau de distribution d’ici à 2006.
Un autre volet d’investissement concerne les axes routiers. L’un d’entre eux a une dimension intercontinentale : il s’agit de la liaison en cours d’achèvement Nouakchott-Nouadhibou, longue de 470 km. Bientôt, une route goudronnée reliera la capitale au principal centre économique du pays, facilitant l’approvisionnement dans les deux sens et la création d’activités tout le long de son parcours. C’est un projet dont les Mauritaniens, mais aussi tous les voyageurs qui sillonnent l’Afrique, ont toujours rêvé : il représente le chaînon manquant de la Transsaharienne, qui relie l’Europe à l’Afrique de l’Ouest à travers le Maroc et la Mauritanie. Jugée infaisable du temps de la colonisation, sa réalisation constitue une grande prouesse technique, puisque son trajet contourne le banc d’Arguin et traverse un désert aux terrains parfois instables. Les travaux, d’un coût initial estimé à 71 millions de dollars en 2001, devraient être achevés avant la fin de l’année, probablement fin juillet, grâce aux financements de l’État mauritanien et de plusieurs bailleurs de fonds.
Le réseau routier mauritanien devrait aussi s’enrichir d’autres tronçons qui vont désenclaver certaines régions et améliorer les liaisons avec le Mali et le Sénégal. C’est ainsi que les travaux de construction de la route Rosso-Boghé le long du fleuve Sénégal se poursuivent et devraient être terminés à la fin de 2006. Coût estimé : entre 70 millions et 80 millions de dollars. Sa réalisation est d’une valeur économique stratégique : couplée avec l’achèvement de l’électrification de la vallée, elle va désenclaver le Sud mauritanien et permettre de faire de la région un pôle de développement de premier plan.
D’autres projets de routes sont envisagés : Kaédi-M’bout-Sélibaby et Tidjikja-Sélibaby, dont le financement des études a été obtenu. La liaison Atar-Tidjikja, qui permettra de relier le nord et l’est du pays, doit encore trouver des financements. Un pont de l’Amitié reliant Rosso-Mauritanie à Rosso-Sénégal fait également l’objet de discussions entre les deux gouvernements, mais il pourrait aussi intéresser des pays voisins dans la mesure où il revêt un intérêt régional.
Pour faire face à l’explosion du trafic international, la construction d’un nouvel aéroport est également prévue à Jereida, à 20 km au nord-ouest de Nouakchott. Il représente un investissement de 170 millions de dollars et remplacera l’actuel aéroport. Les études sont déjà achevées, et des négociations se tiennent avec la société chinoise qui en assurera l’exécution. Sa mise en exploitation devrait intervenir vers 2010. L’extension de l’aéroport de Zouérate, la capitale du fer, devrait lui conférer un caractère international : elle est programmée pour la fin de 2005. Celle de l’aéroport de Nema est achevée. Les ports ne sont pas oubliés, avec la prochaine extension du port de l’Amitié, à Nouakchott. Une autre est prévue à Nouadhibou, en plus de l’enlèvement des épaves et de l’aménagement d’un port minéralier. Enfin, un port de pêche artisanale sera construit à Tanit, à 200 km au nord de la capitale.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires