Ressource vitale

Le IVe Forum mondial se tiendra à Mexico, du 16 au 22 mars. Objectif : identifier les moyens de rendre l’accès à l’or bleu le plus large possible.

Publié le 14 mars 2006 Lecture : 3 minutes.

Après Marrakech, La Haye et Kyoto, la quatrième édition du Forum mondial de l’eau se tiendra à Mexico, du 16 au 22 mars. L’occasion pour les 5 000 participants attendus de proposer de nouvelles stratégies pour atteindre l’un des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), celui qui concerne les ressources hydriques : « Réduire de moitié, d’ici à 2015, la proportion de la population n’ayant pas accès de manière durable à un approvisionnement en eau potable et à un système d’assainissement de base. »
Six ans après le Sommet du millénaire, l’heure est donc à la réflexion… et aux propositions. Car, contrairement à une conférence de chefs d’État, le Forum mondial de l’eau est surtout un carrefour d’échanges et de propositions, un gigantesque brain-storming, une réunion dans laquelle la société civile tient le rôle principal. « La rencontre de Mexico est un espace où chaque communauté peut venir s’exprimer. Nous voulons privilégier cet esprit d’agora pour mettre l’accent sur l’action locale, ses enjeux et ses enseignements », explique Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l’eau, coorganisateur de l’événement.
Créé en 1996 et installé à Marseille, le Conseil compte plus de trois cents membres représentant des gouvernements, des agences des Nations unies, des organisations internationales, des entreprises privées ou encore des membres de la société civile. Principal animateur du « monde de l’eau », il s’est fixé pour objectif de placer l’eau au centre de tous les débats et d’en faire une priorité pour les décideurs. C’est dans cette optique qu’il relance aujourd’hui la réflexion sur les OMD. Pour étayer les échanges, le Conseil publie simultanément une étude sur le montant des fonds à mobiliser pour atteindre le but fixé il y a quinze ans : « Les évaluations mondiales estiment entre 9 milliards et 30 milliards de dollars par an (d’ici à 2015) le montant des investissements nécessaires pour réduire de moitié la proportion de la population n’ayant pas accès à l’eau potable. » Cette variation s’explique notamment par le manque de données statistiques reflétant la situation réelle sur le terrain. « Quoi qu’il en soit, poursuit le rapport, davantage de fonds doivent être alloués au secteur en raison de la sous-évaluation des montants requis et du faible niveau d’investissements dans le Tiers Monde, évalué entre 14 milliards et 16 milliards de dollars par an. L’effort doit se concentrer principalement sur l’assainissement, les zones urbaines, ainsi que l’Afrique subsaharienne, l’Inde et la Chine. » Il est vrai que ces fonds, quand ils s’orientent vers les pays du Sud, vont principalement vers les pays émergents, ce qui aggrave encore la différence d’équipement avec les pays les moins avancés (PMA) et ne fait qu’appauvrir les plus pauvres.
C’est pourquoi le Conseil mondial multiplie les initiatives visant à rendre l’accès à l’eau le plus large possible. Sur le plan symbolique, tout d’abord, il milite pour la reconnaissance internationale d’un « droit à l’eau », bien de première nécessité qui doit être accessible à tous : « L’absence d’eau tue dix fois plus que les guerres, souligne Loïc Fauchon. Elle freine l’établissement des politiques de santé publique, elle empêche l’accès à l’éducation. Bref, sans eau, pas de développement. » Sur le plan pratique, cela passe par l’acceptation d’une dotation minimale. Il s’agit, pour le pouvoir politique, d’obliger l’opérateur à consentir une allocation minimale permettant aux plus démunis de boire un liquide sain et pur. Enfin, sur le plan technique, le Conseil milite pour l’accélération des transferts de technologie, en privilégiant les outils les plus efficaces, qui ne sont généralement pas les plus sophistiqués. Dans cette perspective, les programmes de recherche-développement doivent impérativement être transférés vers les pays du Sud et confiés à des ingénieurs issus de ces pays. Pour ce faire, la formation de techniciens chargés de la maintenance et de la réhabilitation des équipements doit être une priorité dans les pays du Sud.
Enfin, toujours dans la perspective d’élargir l’accès à l’eau au plus grand nombre, le Conseil soutient un vaste projet qui peut se résumer par le slogan : « Pas d’école sans eau. » L’idée est de bâtir des établissements d’enseignement dotés de point d’eau et de latrines : « Il est parfois surprenant de constater qu’à Kidal, dans le nord du Mali, il est parfois plus facile de trouver un accès à l’Internet qu’un accès à l’eau potable, souligne Loïc Fauchon, qui est également directeur général du Groupe des eaux de Marseille. Il ne s’agit pas de critiquer le développement des technologies numériques, mais seulement de rappeler que l’eau est un bien essentiel pour vivre. Il convient d’identifier les priorités. »

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