[Tribune] Les vérités très subjectives d’Hery Rajaonarimampianina
Dans un article paru dans Jeune Afrique, l’ancien Président malgache, Hery Rajaonarimampianina, « sort du silence ». Celui que les Malgaches ont crédité de 8% à la dernière élection présidentielle, assène des vérités très personnelles. En tant que citoyen engagé et avocat, j’ai souhaité rétablir certains faits.
On commençait à s’habituer à son mutisme. Éliminé dès le premier tour de la présidentielle de novembre 2018 sur un score peu flatteur pour un président sortant (8 % des voix), Hery Rajaonarimampianina a décidé de faire entendre à nouveau sa voix, ce qui est tout à fait compréhensible pour un homme politique – c’est du reste aussi son droit le plus absolu.
Ce qui l’est moins, c’est que cette prise de parole se résume à un inventaire biaisé et tendancieux des actions d’Andry Rajoelina, son successeur à la tête de l’État.
À en croire Rajaonarimampianina, la vie politique de Madagascar est devenue « délétère », voire « explosive » depuis son départ du pouvoir. De plus, suggère-t-il, aucune réalisation notable ne peut être attribuée à Andry Rajoelina. Il évoque les « nombreuses promesses » de ce dernier, qui resteraient lettre morte, et n’hésite pas à les qualifier de « poudre aux yeux ».
Et si on se contentait des faits ?
L’ancien président a sans doute du mal à se faire au mode de gouvernance volontariste parfaitement assumé de Rajoelina, que la situation du pays exige pourtant.
Et si on se contentait des faits ? Les résultats sont tangibles, bien que la crise sanitaire ait pu empêcher certaines réalisations. Ainsi, créée grâce au soutien de la Banque mondiale, Pharmalagasy, la première usine pharmaceutique de l’Océan indien – la plus grande d’Afrique – a été inaugurée en octobre dernier.
Et l’on pourrait multiplier les exemples à l’envi dans tous les domaines : ceux de l’éducation avec la construction des écoles Manarapenitra, de la culture, avec les travaux réalisés au « Palais du Rova » qu’aucun des précédents régimes n’avait jamais pu conduire à leur terme.
La sécurité n’est pas en reste, Rajoelina étant parvenu à éradiquer le fléau des « Dahalos » et à mettre fin aux kidnappings intempestifs dans la capitale malgache… Sauf à faire preuve de mauvaise foi, le bilan du président est loin d’être aussi médiocre que le laisse entendre son prédécesseur.
Impitoyablement battu en 2018 – il insinue que l’élection aurait été entachée d’irrégularités – ce serait bien la première fois qu’elles profitent à l’opposition – , Rajaonarimampianina aimerait bien s’attribuer le mérite du retour des institutions internationales à Madagascar.
« Poudre aux yeux »
S’il est vrai que la Conférence des bailleurs avait en son temps suscité de larges espoirs avec de significatives promesses d’investissements, très peu ont été suivies d’effets, faute de projets crédibles proposés par le gouvernement. Cette conférence, présentée par Hery comme un succès, fut de la « poudre aux yeux ».
A contrario, jamais le pays ne s’est vu accorder autant de crédits qu’avec le gouvernement actuel. Et même si la majeure partie des fonds est dédiée à la lutte contre le Covid-19, les octroyer n’en reste pas moins une marque de confiance évidente des bailleurs de fonds à l’égard de Rajoelina.
Sur un plan purement politique, Rajaonarimampianina a beau jeu d’évoquer la supposée trahison d’Andry Rajoelina envers lui. Un rappel historique pour les non-initiés.
En 2013, Andry Rajoelina, alors président de la transition, renonce, à la demande de la communauté internationale, à se présenter aux élections afin de calmer les tensions avec son rival Marc Ravalomalana. Il quitte le pouvoir et apporte son soutien à la candidature de son ministre des Finances, Hery Rajaonarimampianina. Sitôt élu, ce dernier se retourne contre son prédécesseur en proie à des démêlées répétées avec la justice.
Pour l’avocat épris de vérité que je suis, Rajaonarimampianina a sans doute perdu une occasion de se taire. Sévèrement sanctionné par les urnes, faisant désormais l’objet de poursuites pénales, il peut difficilement se poser en donneur de leçons. Son inventaire est une farce qui ne pouvait rester sans réponse.
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