À la tête du Conseil de sécurité de l’ONU, la Tunisie peine à peser sur les débats

La Tunisie espère mettre à profit sa présidence du Conseil de sécurité en janvier pour faire valoir sa vision des dossiers régionaux, alors que sa diplomatie semble en perte de vitesse.

Conseil de sécurité de l’ONU (image d’illustration). © Mary Altaffer/AP/SIPA

Conseil de sécurité de l’ONU (image d’illustration). © Mary Altaffer/AP/SIPA

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Publié le 15 janvier 2021 Lecture : 6 minutes.

La Tunisie a un mois pour laisser son empreinte au Conseil de sécurité des Nations unies, dont elle pilote les travaux en assurant la présidence tournante de janvier. À ce titre, elle est chargée de piloter les travaux et réunions censés donner le la aux délégations des 193 pays membres de l’ONU.

Depuis un an et jusqu’au 31 décembre 2022, le pays fait partie des dix membres non-permanents qui s’ajoutent au cinq membres fixes de cette instance (Chine, États-Unis, Russie, France et Royaume-Uni), dont le but premier est de maintenir la paix et la sécurité internationales. Tunis avait déjà occupé ce siège à trois reprises : en 1959, 1980 et 2000.

« C’est un rôle très important et loin d’être uniquement symbolique. Il s’agit du moment phare de notre mandat au Conseil de sécurité, qui nous permet de mettre en avant la vision tunisienne », assure Taoufik Chebbi, directeur de la paix et de la sécurité internationale au ministère tunisien des Affaires étrangères. Le pays compte ainsi insister sur l’une des constantes de sa politique étrangère : le multilatéralisme.

L’heure du bilan

Cette présidence démarre sur fond de bilan de la première année du mandat de la Tunisie en tant que membre élu non-permanent. « La Tunisie est passée inaperçue et n’a pas su se saisir de cette opportunité », considère la politologue Khadija Mohsen Finan, enseignante-chercheuse à l’université Paris 1.

« La Tunisie aurait pu trouver les moyens de faire de la politique à échelle internationale et de changer des choses au sein du Conseil de sécurité, mais son bilan est négatif et rien ne laisse présager que le pays se rattrape durant cette présidence tournante. L’espoir demeure toutefois pour l’année à venir », abonde Adnan Mansar président du Centre d’études stratégiques sur le Maghreb (CESMA) et ex-porte-parole puis directeur de cabinet de l’ancien président tunisien Moncef Marzouki (2012-2014).

Des observateurs mettent en cause des mouvements diplomatiques impromptus, dont le limogeage du représentant tunisien auprès de l’ONU, Kaïs Kabtani, en plein mandat, et plus généralement une fragilisation de la diplomatique tunisienne. « Le rappel de l’ambassadeur et le manque de clarté du chef de l’État sur sa politique étrangère reflètent cette absence de diplomatie qui n’a tourné qu’autour de la rente de la révolution ces dernières années. La Tunisie n’a pas pour autant de poids au sein de la région alors qu’elle aurait pu être un pays phare grâce à sa transition », assure Khadija Mohsen Finan.

Le ministère des Affaires étrangères aurait besoin d’avoir les mains moins liées par la présidence

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