Et il est comment le dernier… Parker Bilal ?

Écrit sous le pseudonyme de Parker Bilal, le nouveau polar de l’écrivain anglo-soudanais Jamal Mahjoub, « Les Divinités », se déroule à Londres, dans l’ombre portée de la guerre en Irak.

L’écrivain anglo-soudanais Jamal Mahjoub, alias Parker Bilal, en 2015 © Philippe MATSAS/Opale/Leemage

L’écrivain anglo-soudanais Jamal Mahjoub, alias Parker Bilal, en 2015 © Philippe MATSAS/Opale/Leemage

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 25 janvier 2021 Lecture : 2 minutes.

« Khal Drake chancela, s’efforçant de contrôler le jet d’urine qu’il orientait vers un coin sombre, s’appuyant d’une main contre le mur pour garder l’équilibre. » Ainsi commence Les divinités, nouveau roman policier de Parker Bilal, pseudonyme sous lequel se grime l’écrivain anglo-soudanais Jamal Mahjoub.

Les fidèles de cet auteur capable de marier l’humour le plus acéré aux descriptions de meurtres les plus sordides doivent s’attendre à un choc : sa nouvelle série ne se passe pas au Caire, mais à Londres, et en se déplaçant en Europe, Parker Bilal a abandonné son détective Makana sur le pont de son awama, maison flottante amarrée à une berge du Nil.

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C’est au bord de la Tamise que le monde disloqué de Khal Drake essaie de survivre tant bien que mal. « On dit des cours d’eau qu’ils défient le temps, à croire qu’ils sont éternels, mais celui-ci muait sans cesse, écrit le romancier. Chaque jour, à tout instant. Les mouvements de l’eau, le courant, la profondeur, les sédiments qui peu à peu, remontaient à la surface. Il charriait les années tels de mauvais souvenirs. Un fleuve reflète les changements, mais aussi ce qu’on oubliera jamais. »

« Les divinités » de Parker Bilal, éd. Gallimard, 464 pages, 22 euros © Editions Gallimard

« Les divinités » de Parker Bilal, éd. Gallimard, 464 pages, 22 euros © Editions Gallimard

Intégrisme et corruption

Ces quelques phrases devraient rassurer les plus rétifs au changement : les éléments qui font le sel des romans de Bilal se retrouvent dans ce nouvel opus. À Londres comme au Caire, le passé poursuit les hommes, modèle le présent, ampute le futur. Le passé de Makana se trouvait dans son pays d’origine, quitté pour fuir la violence de l’extrémisme islamiste en abandonnant sa femme et sa fille. Pour Khal Drake, le passé, c’est « un père absent, une mère alcoolique et cette bonne vieille Angleterre à laquelle il n’était pas sûr d’appartenir », c’est la tentation passagère de l’intégrisme religieux pour trouver un sens à la vie, c’est l’engagement dans une guerre dont il n’est pas certain qu’elle fût juste. Un double meurtre, des cadavres retrouvés sur un chantier et ces alluvions remontent à la surface, chargés de métaux lourds.

« Ces deux silhouettes grisâtres avaient provoqué chez lui comme un électrochoc, le renvoyant tout droit en Irak. À sa brutalité, à sa poussière. À des forces ancestrales, médiévales. » Et à Londres comme au Caire, l’enquêteur n’affronte pas seulement l’esprit dérangé d’un meurtrier, il défie aussi la corruption, le règne des petits chefs, l’intégrisme et cette domination capitaliste qui fait que la Tamise n’est plus qu’une « valeur ajoutée faisant partie intégrante du mécanisme qui attirait les super-riches tels des vampires vers une débauche de sang ».

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