[Chronique] Kamala Harris « dépigmentée » par Vogue ?
Des lecteurs de Vogue reprochent au magazine de mode américain d’avoir « blanchi », sur sa couverture, le visage de la vice-présidente élue des États-Unis…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 16 janvier 2021 Lecture : 2 minutes.
Si le teint métissé de Kamala Harris participe incontestablement à sa légende annoncée – aux côtés de son sexe jamais représenté au poste de vice-présidente des États-Unis –, l’écueil serait que la doublure constitutionnelle de Joe Biden ne soit évoquée que sous le prisme de sa couleur de peau.
Et voilà qu’à quelques jours de l’investiture du ticket démocrate élu, son apparition sur la couverture du prestigieux magazine Vogue est tout autant applaudie que dénigrée. En cause : son teint jugé anormalement clair sur les clichés des deux versions de la couverture de février…
Vice President-elect @KamalaHarris is our February cover star!
— Vogue Magazine (@voguemagazine) January 10, 2021
Making history was the first step. Now Harris has an even more monumental task: to help heal a fractured America—and lead it out of crisis. Read the full profile: https://t.co/W5BQPTH7AU pic.twitter.com/OCFvVqTlOk
Bien sûr, ce n’est pas Kamala Harris, de père d’origine jamaïcaine et de mère d’origine indienne, qui est mise à l’index pour un présumé « Xessal ». C’est l’équipe de la rédactrice en chef Anna Wintour qui est accusée d’abus d’éclairage, de maquillage outrancier ou d’excès de photoshop. La même Anna Wintour à qui le mouvement Black Live Matters reprochait, en juin dernier, de sous-représenter la communauté noire des États-Unis et de ne pas assez promouvoir ses propres employés de couleurs.
Cette fois, Vogue a écarté l’accusation de traitement chromatique de la photo de Kamala Harris en niant avoir éclairci, après le shooting photo, la peau du mannequin du jour.
Soupçons de « blanchiment »
Si les observateurs ont réagi si vite à la couverture dévoilée le 10 janvier dernier, c’est que le magazine de mode serait récidiviste en matière de « blanchiment » de peaux photographiées. Il y a six mois, un cliché de la quadruple championne olympique Simone Biles avait suscité les mêmes soupçons.
BONUS: @Simone_Biles stars in an exclusive digital cover of our August issue here. (5/5) https://t.co/F1mRBwucSA pic.twitter.com/aKr5JyHWy5
— Vogue Magazine (@voguemagazine) July 9, 2020
Et le débat ne se limite pas au journal d’Anna Wintour. Depuis des années, Beyoncé est tout à la fois accusée d’appropriation culturelle des codes africains à son profit commercial et de reniement de son identité africaine-américaine par la décoloration de son teint, que ça soit sur la photo promotionnelle de son album « 4 » ou dans les publicités de son partenaire « L’Oréal ».
Oubliant de tourner sept fois sa langue dans sa bouche, le père de la diva avait d’ailleurs affirmé que sa fille n’aurait pas eu autant de succès si elle avait été « plus noire ».
Kamala Harris aurait sans doute apprécié que sa promotion à la une de Vogue inspire d’autres remarques que celles liées à sa couleur de peau. Quoi que…
Des grognons estiment qu’une pose en baskets de marque Converse – emblématique mais relax – est irrespectueuse envers la fonction de vice-présidente des États-Unis. Question subsidiaire de certains internautes : le photographe Tyler Mitchell et la rédaction de Vogue auraient-ils fait les mêmes choix vestimentaires si la co-listière de Joe Biden avait été la blanche Hillary Clinton ? Et le serpent de la polémique de se mordre la queue…
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