Iran : notre ami Bush

Publié le 13 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

A l’allure où va le président George W. Bush, l’Iran deviendra sous peu une superpuissance mondiale. En dépit de sa rhétorique sur l’axe du Mal, l’administration Bush a en réalité fait plus pour renforcer l’Iran que ce que l’ayatollah le plus ambitieux aurait osé imaginer. Téhéran pourra repenser aux années Bush comme à une époque dorée où l’Amérique, cet improbable allié, a multiplié les coups de pouce. Dans les mois qui ont précédé l’invasion de l’Irak, le président a joué avec l’idée que l’Iran et l’Irak représentaient une menace pour la sécurité des États-Unis. Mais ses conseillers, qui ne pensaient qu’à réaliser leur vieux rêve de se débarrasser de Saddam Hussein, n’ont pas beaucoup réfléchi à ce qui pourrait arriver si leurs plans n’engendraient pas la démocratie unifiée, pacifique et pro-occidentale qu’ils avaient imaginée. La réponse est à présent évidente : l’Irak est un pays déchiré, à feu et à sang, où la majorité chiite se sent beaucoup plus proche de ses coreligionnaires iraniens que des sunnites irakiens avec lesquels il faut qu’elle forme un gouvernement.

Washington est aujourd’hui dangereusement dépendant de la bonne volonté et de l’attitude constructive des fondamentalistes chiites que l’Iran aidait dans les années Saddam. Or, ces derniers temps, ni la bonne volonté ni l’attitude constructive n’ont été particulièrement évidentes, et si l’Iran a envie de créer de nouvelles difficultés pour écarter les pressions diplomatiques qui pèsent sur son programme nucléaire, rien ne l’en empêche. Il y a désormais un risque réel que l’Irak devienne une théocratie fondamentaliste alignée sur l’Iran.
Bush a aussi passé, récemment, un accord avec l’Inde aux termes duquel il accepte de partager avec New Delhi une technologie nucléaire civile malgré son programme d’armement atomique et son refus de signer le traité de non-prolifération. Une décision regrettable, car cela revient à récompenser l’Inde de ne pas avoir respecté un accord international fondamental qui a permis de décourager des pays comme la Corée du Sud et l’Arabie saoudite de s’engager dans une recherche pour la construction de l’arme nucléaire. Mais cela va aussi contre les efforts déployés pour freiner l’Iran, dont le programme nucléaire est en plein développement.
L’accord indien est exactement le mauvais message à envoyer au moment où Washington et ses alliés européens négocient avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour savoir comment soumettre le problème iranien au Conseil de sécurité de l’ONU. L’Iran espère l’éviter en expliquant au reste du monde que l’Occident pratique le deux poids, deux mesures sur les questions nucléaires. Bush pourrait très bien nouer une faveur rose autour de son accord nucléaire avec l’Inde et l’envoyer en cadeau à Téhéran.

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