Tunisie : « La santé est un investissement dans le capital humain, pas seulement un coût »

Alors que le système de santé est mis à rude épreuve par la pandémie, Noureddine Bouzouaya, spécialiste des maladies infectieuses et conseiller de Carthage sur le Covid-19, appelle à une réforme du secteur.

Un lit est photographié dans un hôpital de campagne installé dans un gymnase du quartier d’El Menzah à Tunis, le 14 mai 2020. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Un lit est photographié dans un hôpital de campagne installé dans un gymnase du quartier d’El Menzah à Tunis, le 14 mai 2020. © Hassene Dridi/AP/SIPA

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Publié le 21 janvier 2021 Lecture : 5 minutes.

Corruption, inégalités régionales, détérioration de certains services… Face au douloureux bilan du système de santé publique en Tunisie, une réforme de la gouvernance et des mentalités est nécessaire, estime Noureddine Bouzouaya.

Chef du service des maladies infectieuses à l’Institut national Mohamed Kassab d’orthopédie (La Manouba), il conseille la présidence et le gouvernement au titre de membre du comité national scientifique Covid-19 et d’expert auprès de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITE, relevant de Carthage). Face à l’instabilité gouvernementale chronique, il prône une loi d’orientation de la santé.

Jeune Afrique : Quel bilan tirez-vous de l’évolution du système de santé en Tunisie ?

Noureddine Bouzouaya : Malgré toutes ses vicissitudes, le secteur de la santé reste encore une fierté et est l’un des acquis les plus importants depuis l’indépendance. De nombreux indicateurs attestent des performances réalisées, dont la répartition homogène des structures de santé de première ligne (95 % de la population a accès à un centre de santé public à quatre kilomètres au plus), la réduction des taux de natalité et de la mortalité maternelle et infantile, la vaccination de 95 % des enfants de moins de cinq ans, les programmes de lutte et d’éradication de nombreuses maladies endémiques et transmissibles, etc.

Mais le service public vit une période de marasme avec des problèmes de mauvaise gouvernance, de pénuries, de démotivation, d’exil de nos compétences en Europe et au Moyen-Orient, d’absence de rigueur, etc. Cela nourrit des inquiétudes même chez les plus optimistes, dont je fais partie.

Ce secteur subit les conséquences de l’accumulation de problèmes structurels non résolus depuis plusieurs années, dus essentiellement à des défaillances du système de financement et de gouvernance. Pourtant des solutions existent. Mais engager les réformes nécessaires demande une volonté et un courage politiques.

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