Youlou et les Chinois
Venant de Léopoldville, l’abbé Fulbert Youlou, ancien président de la République du Congo-Brazzaville, débarquait le 29 janvier au Bourget. Il se voyait aussitôt signifier par les autorités l’interdiction de pénétrer en territoire français. Au terme d’un séjour de douze heures passées dans le salon d’honneur de l’aéroport, placé pour la circonstance sous la garde vigilante des CRS, il devait prendre le premier avion à destination de Madrid. Personne n’a rencontré l’ancien président congolais, et seul son avocat parisien s’est entretenu téléphoniquement avec lui pendant vingt-cinq minutes.
Pourquoi le gouvernement français a-t-il pris la décision de refouler Fulbert Youlou, ce qui a provoqué quelque indignation dans certains milieux ? On peut, tout d’abord, tenir pour assuré que la décision a été prise à l’Élysée. On n’a guère apprécié, dans l’entourage du général de Gaulle, la légèreté avec laquelle un ancien chef d’État, par surcroît condamné à mort par contumace dans son propre pays, prétendait se rendre à Paris et y séjourner sans avoir pris le soin de faire connaître ses intentions.
Il est indéniable que la présence à Paris de l’ancien chef d’État aurait placé le gouvernement français dans une situation embarrassante vis-à-vis de Brazzaville, alors que les relations entre les deux pays, qui ont connu des moments difficiles, viennent à peine d’être assainies. On ne songe pas à dissimuler non plus, à l’Élysée, que l’abbé Youlou, en profitant de la sortie des presses de son ouvrage J’accuse la Chine pour animer une polémique contre Pékin, aurait desservi certaines perspectives diplomatiques françaises. Il est assez compréhensible que le gouvernement français veuille éviter toute propagande antichinoise orchestrée à partir de son territoire, alors qu’il espère pouvoir contribuer, comme l’en a sollicité le président Ho Chi Minh, à la recherche d’une solution au conflit vietnamien.
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