Usaid : erreur de casting

Publié le 14 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Depuis que Washington accorde une aide étrangère, les administrations successives n’ont pas arrêté de vouloir réformer le système. La dernière à avoir mis son grain de sel dans l’affaire est la secrétaire d’État Condoleezza Rice. Elle a nommé un responsable unique, dépendant d’elle directement, pour coordonner les multiples programmes du département d’État. Les services qui font double emploi sont un problème, mais ils ne sont pas le problème numéro un, et la solution de Rice pourrait bien avoir pour conséquence que l’on supprime les programmes de lutte contre la maladie, ceux de l’assistance scolaire ou de fourniture d’eau potable.
C’est à ce combat contre la pauvreté que la plupart des Américains souhaiteraient que serve l’aide étrangère des États-Unis. L’Amérique sait comment le mener et il est facile de mesurer sa réussite, mais la grande majorité de l’aide est consacrée à d’autres objectifs. L’aide économique aux alliés stratégiques et l’aide militaire représentent plus de la moitié du budget de l’aide étrangère. Environ 30 % des pays qui sont en première ligne de la guerre contre le terrorisme reçoivent eux aussi une aide, qui sert principalement à acheter leur soutien. L’assistance au développement ne constitue que 30 %, dont une bonne part va à des projets destinés à promouvoir la réforme économique, la démocratie et la bonne gouvernance. De bonnes causes certes, mais que Washington ne sait pas très bien défendre.
Les réformes de Rice risquent de détourner encore plus d’argent du véritable développement. Un directeur de l’Agence pour le développement international à l’intérieur du département d’État sera soumis à une terrible pression politique pour qu’il retire de l’argent des programmes antipauvreté effectifs, qui n’ont que peu de retombées politiques, et l’investisse dans les objectifs géopolitiques du département d’État, qui se préoccupe peu du développement. Le risque est particulièrement élevé parce que Rice n’a pas choisi en la personne de Randall Tobias – actuel chef de l’Initiative antisida du président George Bush – l’homme qu’il fallait. Tobias, ancien directeur général d’un laboratoire pharmaceutique, n’avait aucune expérience du développement avant de prendre ses fonctions de patron de la lutte antisida. C’est un bon manager, ce qui est important. Mais il a été incapable de résister aux pressions qui voulaient le faire renoncer à des stratégies éprouvées de prévention du sida pour adopter des programmes d’abstinence recommandés par la droite religieuse. Le Congrès devrait voter une loi prévoyant qu’un pourcentage convenable du budget de l’aide étrangère soit consacré aux efforts antipauvreté.

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