Projet de réforme économique

Publié le 14 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Inimaginable il y a peu encore : le professeur Michael Porter, économiste de la Harvard Business School, aux États-Unis, a remis le 9 février à la Libye un projet de diversification de son économie. Le Financial Times s’est procuré un exemplaire de ce document, qui compte 200 pages. Porter considère qu’en 2019, pour le cinquantième anniversaire de la prise du pouvoir par le colonel Mouammar Kadhafi, la Libye pourrait avoir « l’un des taux d’activité économique les plus élevés du monde » et être un leader régional qui contribuerait « à la richesse et à la stabilité de ses voisins ». Depuis que la Libye a renoncé aux armes de destruction massive et accepté d’indemniser les victimes de l’attentat de Lockerbie en 1988, plusieurs grandes compagnies pétrolières ont fait leur retour et certaines réformes financières sont à l’étude. Mais les pesanteurs bureaucratiques sont toujours là, et beaucoup de touristes étrangers, par exemple, n’arrivent pas à obtenir de visas.
Porter a été contacté, l’an dernier, au Forum de Davos par Seif el-Islam, le fils du « Guide ». Il a consulté des experts tels que le spécialiste du pétrole Daniel Yergin, mais aussi enquêté auprès d’hommes d’affaires étrangers et de 2 000 patrons de petites et moyennes entreprises libyennes. Première constatation, qui donne une idée du retard à rattraper : hors pétrole et gaz, ces PME ne contribuent que pour 40 % au PIB libyen. Selon ce document, une réforme du secteur de l’énergie pourrait permettre à la Libye de faire passer sa production de pétrole de 1,8 million de barils par jour à plus de 3 millions. Pour diversifier l’économie et améliorer la productivité, Tripoli devrait favoriser en priorité les secteurs du tourisme, de l’agriculture et de la construction.
Les efforts en direction de la bonne gouvernance resteront probablement mesurés. L’introduction du document déclare que l’objectif de la réforme est de « relancer la compétitivité globale de l’économie libyenne tout en préservant le caractère unique de la Jamahiriya ». Ce qui donne à penser que les dirigeants libyens resteront fidèles à ce système politique unique qui théoriquement confie les décisions à des centaines de « comités révolutionnaires », mais où elles sont pratiquement prises, le plus souvent, par un pouvoir hypercentralisé.

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