Premier pas américain

Washington décide de lever les subventions à l’exportation. Une goutte d’eau dans l’océan des aides. Mais c’est toujours ça de pris !

Publié le 14 février 2006 Lecture : 2 minutes.

C’était un des rares acquis de Hong Kong. Qui plus est sur un dossier symptomatique puisqu’il avait provoqué l’échec du précédent sommet, à Cancún, en 2003 : le coton. À l’issue de la conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en décembre dernier, les États-Unis s’étaient engagés à diminuer leurs subventions. Ils n’avaient cependant pas fixé de calendrier ni donné de chiffres. Moins de deux mois après, Washington lève un coin du voile sur ses réelles intentions. Après un premier vote au Sénat, la Chambre des représentants a approuvé, le 1er février, la suppression des subventions à l’exportation, soit seulement 300 millions de dollars sur un montant total de 4 milliards versés chaque année à quelque 25 000 producteurs américains de coton. « Ces subventions sont un poison pour nous », avait tempêté, à Hong Kong, Bakary Togola, le représentant malien de l’Association des producteurs de coton africains (Aproca). Pris en tenaille entre les dysfonctionnements des filières locales et la dérégulation du marché, les dix millions de planteurs africains subissent de plein fouet les effets de cette concurrence déloyale. Malgré des prix de revient plus élevés, les Américains écoulent leurs excédents grâce à ces aides et contribuent à la baisse des cours amorcée au début des années 1990. La production africaine étant exportée à 95 %, les pertes sur le continent sont estimées à 400 millions de dollars par an. « C’est la vie de nos familles qui est en jeu », explique Vincent Traoré, président de l’Aproca, qui juge ce premier pas positif.
Cette suppression des soutiens à l’exportation doit être effective le 1er août. « Si c’est bien appliqué, cela aura forcément un impact, estime Traoré. Un négociant à Dallas m’a confié que, sans aide, il était impossible d’exporter le coton américain. » Logiquement, nous pourrions donc assister, d’ici à la fin de l’année, à une hausse des cours liée au renchérissement du coton américain et qui pourrait s’accompagner d’une remise à plat des « avantages comparatifs » de chacun. La filiale du groupe français Dagris, la Copaco, évalue à 5 % la hausse sur le prix au producteur africain.
Les Africains devront cependant se méfier du Brésil, appelé à devenir la « ferme du monde ». Totalement absent il y a seulement dix ans, le Brésil est devenu un acteur majeur du marché, avec plus de 10 % des exportations grâce à un coût de production très compétitif, une main-d’uvre abondante et une réserve foncière conséquente. Les protagonistes évoluent, mais la guerre du coton est loin d’avoir connu son épilogue.

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