« Petit Baky » est devenu grand

Publié le 14 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Côte d’Ivoire, octobre 1999. Sur les terrains de foot de Sol Béni, les « Académiciens » d’Abidjan, entraînés par Jean-Marc Guillou, respirent la joie. L’ancien international français contemple, amusé, tous ces footballeurs en herbe apprenant leur métier pieds nus. « L’Académie de Guillou », alors filière formatrice de l’Asec Mimosas, tournait à plein régime. Il était possible de repérer plusieurs futurs beaux grands professionnels. Ce jour-là, Guillou prédit l’avenir des uns et des autres. Aujourd’hui, il est démontré que le « coach », comme l’appelaient (et l’appellent encore) tous les Académiciens, ajoutait une perspicacité évidente de jugement à ses facultés de grand formateur.
Des enfants de l’époque, beaucoup évoluent aujourd’hui dans des clubs européens : Kolo Touré, tour de contrôle d’Arsenal ; Aruna Dindane, considéré, de 2000 à 2005, comme le meilleur attaquant du championnat belge avec le club d’Anderlecht ; Didier Zokora, « moteur » des Verts de Saint-Étienne ; Yaya Touré, régulateur de jeu de l’Olympiakos d’Athènes ; Manu Eboué, latéral offensif d’Arsenal ; Yapi Yapo (Nantes) ; Abdoulaye Djiré et Zézéto (FC Beveren) ; Kalou Junior (Feyenoord) ; Koffi Ndri Romaric (Le Mans). Mais ce jour-là, le « coach » avait pointé son index sur un tout petit bonhomme, le plus petit des 17-19 ans. Et il a dit : « Celui-là, c’est le plus doué, celui qui invente toujours quelque chose avec le ballon. » Et Guillou d’émettre toutefois une légère réserve : « Baky a 17 ans. J’espère qu’il va encore grandir, car, avec sa taille, il risque d’éprouver de grandes difficultés face aux rudes défenseurs européens. »
Mais Bakary Koné n’a pas décollé de son 1 m 63. Il quitta Sol Béni et l’Asec après quelques autres pour jouer dans un club du Qatar. C’est là que le repéra l’entraîneur breton Christian Gourcuff : « Personne ne pouvait croire en un attaquant de 1 m 63. Mais moi, je ne m’attache pas à la taille des joueurs, je cherche à évaluer leur talent. Celui de Baky est immense. »
Voilà donc l’ex-Académicien dans le sillage de Gourcuff qui l’embarque pour Lorient en juillet 2003. L’association fait mouche. En Bretagne, Baky est heureux et régale le public. « Petit Koné » ou « Magic Baky » pour les médias français, il boucle sa première saison en tête du classement des buteurs de la division II et se voit élu par ses pairs meilleur joueur de la saison. L’année suivante est aussi brillante et lui vaut un transfert à l’OGC Nice (Division I). « Ses adversaires, dit Gourcuff, n’ont pas résolu l’équation Baky. Quand le ballon est dans ses pieds, il se passe toujours des choses invraisemblables, comme quand il s’amusait à l’Académie. De plus, les défenseurs, en raison de l’importance prise par le jeu aérien, sont de plus en plus grands. Mais plus ils le sont, moins ils arrivent à suivre Baky quand il virevolte pour leur tourner autour. » Les Camerounais Geremi Njitap, Rigobert Song et André Bikey Amougou ne le démentiront pas. Eux qui, dans la soirée du 4 février, sur la pelouse de l’Académie militaire du Caire, n’ont pas pu empêcher le « Petit Koné » d’inscrire, du pied gauche, un joli but. Preuve que, dans le foot, il y a de la place pour tous les gabarits. Baky Koné – qui sera au Mondial 2006 – marche déjà sur les traces de ces nombreux « petits » devenus des géants : Pelé, Kopa, Maradona la liste est longue.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires