Miss et métisse

Miss Malabo à 20 ans, Kristel a dû au préalable vaincre la résistance paternelle pour prendre part à la compétition.

Publié le 14 février 2006 Lecture : 3 minutes.

« Miss Malabo, c’est l’histoire d’un complot de femmes contre un seul homme. » Celle qui parle ainsi n’est autre que Sandra-Ramata Mercader, la maman de l’heureuse élue, Kristel. D’autant plus fière de sa progéniture que le succès de sa Miss, en novembre 2004, doit beaucoup à son entêtement et bien peu au hasard. Malgré les apparences.

« Une copine réunionnaise m’avait invitée à venir voir l’élection, mais celle-ci a été reportée de trois jours en raison d’une coupure d’électricité, se souvient Kristel. C’est alors que mon amie et mes surs m’ont persuadée de participer au concours. Mais j’ai déchanté : à peine rentrée à la maison, mon père opposait un non catégorique à ce projet. » Une « claque » que ni elle, ni sa mère, ni ses trois surs n’allaient accepter. Sandra commence alors un véritable travail de sape pour convaincre son mari, Enrique Mercader Costa. Un monsieur respectable qui n’avait pas forcément envie que sa fille s’affiche dans les concours de beauté.
Alors que la mère et la grande sur, Christine, étudiante au Canada, s’échinent à le faire plier, la sur jumelle, Tania, inscrit Kristel en catimini au concours. La plus petite, Sandra Georgina, 14 ans, est chargée de préparer le modèle de la robe pour le défilé. La veille de l’événement, Kristel n’a toujours pas obtenu le feu vert paternel pour se présenter. Qu’à cela ne tienne On fait venir la couturière de la famille, on lui présente les croquis et on lui commande dans la foulée la tenue qui sera confectionnée dans la nuit et la matinée suivante. Trois heures avant le concours, Sandra, dans un ultime effort, parvient à arracher la bénédiction du chef de famille. Le reste n’est que formalité. Kristel étale ses charmes devant un jury de notables qui lui apporte ses voix à la quasi-unanimité. Car elle a tout pour plaire. Fruit de sept métissages, équatoguinéen, camerounais, santoméen, nigerian, anglais, portugais et espagnol, la belle a fière allure du haut de ses 173 cm. Une peau dorée, des cheveux bouclés, un grain de beauté au milieu du front qui en fait une perle rare, une taille fine, des formes arrondies Ses 20 printemps sont éclatants de beauté.
Pour entretenir son physique, Kristel avale tous les jours 10 km de bitume lors de longues séances de footing sur la route de l’aéroport de Malabo. Un sport austère, mais elle ne manque pas de persévérance Idem dans les études. Après avoir suivi le secondaire à l’école française de Malabo et des cours par correspondance, elle s’apprête à rejoindre sa grande sur à Montréal en fin d’année pour y perfectionner son anglais et entamer une formation supérieure en économie à l’université. « Je ne compte pas passer ma vie à l’étranger. Une fois diplômée, je reviendrai travailler dans les affaires. Il y a tellement de choses à faire ici Même si l’on sait que c’est plus difficile qu’ailleurs, car le pays est en pleine construction. Mais mes surs et moi n’avons pas peur. Nos parents nous ont enseigné des valeurs comme la modestie, l’opiniâtreté et le travail », précise la jeune femme au caractère bien trempé. Certainement un héritage de sa mère qui dirige une société de pêche et possède l’un des salons de thé-restaurants les plus prisés de Malabo : cadres nationaux, dirigeants d’entreprises, fonctionnaires, expatriés se retrouvent au Kristania, en plein centre-ville.

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Kristel aimerait bien suivre ses traces : elle ne se voit pas faire du mannequinat son activité principale. Ce qui ne l’a pas empêchée d’honorer son titre de Miss en participant aux différentes sollicitations de la ville. C’est ainsi qu’elle a distribué des cadeaux aux enfants de la rue, inauguré le beaujolais nouveau et défilé lors de la feria de Malabo en janvier 2005. Une fête qui ne lui rappelle pas que des bons souvenirs : « La préparation de la parade a commencé tôt le matin. Je n’ai rien avalé de la journée alors que je restais sous une chaleur écrasante. Tout d’un coup, tout est devenu bleu et je me suis évanouie comme une princesse. » Des histoires de Miss que la belle Kristel racontera peut-être un jour à ses enfants.

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