Malaisie : le précédent Mahathir-Ibrahim

Publié le 14 février 2006 Lecture : 2 minutes.

La passe d’armes actuelle entre le président sénégalais Abdoulaye Wade et son ancien Premier ministre et homme de confiance Idrissa Seck n’est pas sans rappeler la querelle qui opposa, en Malaisie, l’ancien chef du gouvernement Mahathir Mohamad à son second, Anwar Ibrahim, à la fin des années 1990.
Le 2 septembre 1998, Anwar, héritier désigné du « docteur M », est limogé. Suite aux manifestations de soutien à l’ancien numéro deux du pays qui occupait conjointement le poste de vice-Premier ministre et celui de ministre des Finances, le dauphin déchu est incarcéré dix-huit jours plus tard puis déféré devant la justice. Accusé de « corruption » et de « sodomie » – un crime dans ce pays majoritairement musulman -, Anwar est reconnu coupable « d’abus de pouvoir » et de « rapports charnels contre nature », au terme d’un procès-fleuve à l’impartialité discutable. La peine globale qui lui est infligée est sévère : quinze ans de prison. Il n’en passera pourtant que six derrière les barreaux et sera libéré le 2 septembre 2004, après que la Cour fédérale de Malaisie eut cassé sa condamnation pour « sodomie ». La décision intervient onze mois après le départ de Mahathir du pouvoir, en octobre 2003…
Lorsque le maître de Kuala Lumpur décide de se séparer d’Anwar, en 1998, les relations entre les deux hommes sont tendues. Sur fond de récession économique – la pire qu’ait connue la Malaisie depuis trente ans -, le Premier ministre, 73 ans, au pouvoir depuis dix-sept ans, a de plus en plus de mal à supporter l’opposition de son second, de vingt-deux ans son cadet, à la politique économique qu’il préconise pour sortir le pays du marasme. Anwar lui doit tout, estime sans doute le « docteur M », qui l’avait pris sous sa coupe vingt ans plus tôt. Dans quelle mesure Mahathir n’a-t-il pas non plus interprété la prise de distance de son ancien « fils préféré » comme une stratégie destinée à lui ravir son poste plus tôt que prévu et voulu, par conséquent, le punir de son impudence ? La question se pose.
Huit ans plus tard, l’affaire n’est pas close. Fin janvier 2006, Anwar, qui a toujours crié à la conspiration, a décidé d’attaquer en justice son ancien mentor, pour propos diffamatoires.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires