Kabila adoubé par les siens

Sollicité par son parti, le chef de l’État sortant sera vraisemblablement candidat à sa propre succession lors de la présidentielle prévue d’ici au mois de juin.

Publié le 14 février 2006 Lecture : 3 minutes.

Joseph Kabila candidat à sa propre succession ? Peu de gens en doutaient. Mais après les pressantes sollicitations dont il a fait l’objet de la part des militants du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) réunis en congrès le 6 février à Kinshasa, tout le monde en est maintenant persuadé.
Proposé comme porte-drapeau du mouvement à la présidentielle prévue d’ici au mois de juin, l’intéressé, qui a pris soin de ne pas assister à ces assises pour éviter le mélange des genres, devrait très certainement accepter l’invite. Mais au-delà de ce qui apparaît comme une formalité, la grand-messe organisée par le PPRD a surtout permis aux kabilistes « joséphistes » de faire une véritable démonstration de force. Chef d’orchestre de ce show à l’américaine, le secrétaire général, Vital Kamerhe, qui a galvanisé les quelque 2 500 cadres du PPRD venus des onze provinces du pays. Autre intervention remarquée, celle d’Abdoulaye Yerodia Ndombasi, vice-président de la République et ancien compagnon de route de Laurent-Désiré Kabila. Enfin, parmi les invités, une dizaine de représentants de « partis frères » africains sont également venus délivrer un message de soutien.
Créé dans l’urgence le 31 mars 2002, à peine deux mois après que Joseph Kabila eut succédé à son père, Laurent-Désiré, le PPRD est devenu un véritable parti, avec une audience nationale suffisante pour pouvoir présenter des candidats à tous les postes électifs. Ce qui n’est pas forcément le cas de ses concurrents. Autre élément notable : la famille politique du chef de l’État est prête à conclure des alliances avec d’autres formations pour pouvoir disposer d’une véritable majorité à l’issue des scrutins auxquels elle participera. Et c’est à ses proches collaborateurs, Augustin Katumba Mwanke et Samba Kaputo, que le président semble avoir confié la mission de constituer la coalition qui le portera au pouvoir.
Même si le processus électoral ne fait que débuter, l’entrée en lice de Kabila pourrait bien donner le véritable coup d’envoi de la campagne. D’autant que le président sortant a de sérieuses chances de l’emporter. Le fait que ses adversaires aient multiplié les chausse-trappes sur son parcours est d’ailleurs révélateur. Après avoir invoqué son jeune âge (34 ans), ou tenté d’exiger des candidats à la magistrature suprême qu’ils soient titulaires d’un diplôme d’études supérieures pour l’en écarter, certains mettent aujourd’hui en doute sa nationalité.
Le jeune président, lorsqu’il se présentera devant le corps électoral, peut faire valoir certains atouts. Tout d’abord, aux yeux de la communauté internationale et d’une partie de l’opinion congolaise, il est celui qui a accepté d’engager un processus politique destiné à mettre fin à la guerre et à réunifier le pays. Deuxièmement, il semble moins marqué sur le plan ethnique et régional que ses challengeurs. Contrairement à Jean-Pierre Bemba du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), qui apparaît pour beaucoup comme un fils de l’Équateur, ou Étienne Tshisekedi de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), que d’autres voient comme le candidat du Kasaï. Troisièmement, malgré son jeune âge, Joseph Kabila est paradoxalement le seul Congolais vivant à avoir l’expérience de la fonction présidentielle. Et, enfin, lorsque l’on connaît l’importance de la prime au sortant dans les joutes électorales, on mesure mieux ses chances. La loi électorale en cours d’adoption pourrait encore le renforcer. Chaque candidat à la présidentielle pourrait être obligé de verser une caution non remboursable de 50 000 dollars lors du dépôt de son dossier. Et, comme le souligne La Libre Belgique, on peut considérer qu’il s’agit « d’une victoire du parti présidentiel puisqu’en diminuant le nombre de candidats (peu de Congolais ont 50 000 dollars à perdre) contre Joseph Kabila, celui-ci accroît ses chances de gagner, voire de gagner au premier tour ».

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