Beny Steinmetz condamné à cinq ans de prison pour corruption
Beny Steinmetz a été condamné vendredi 22 janvier par le tribunal correctionnel de Genève à cinq ans de prison et cinquante millions de francs suisses d’amende. Il était accusé de corruption et de faux dans les titres, notamment en lien avec les contrats miniers guinéens du Simandou.
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La veille du verdict, dans sa chambre d’hôtel à deux pas du palais de justice de Genève, le Franco-Israélien Beny Steinmetz affichait sa décontraction. Dans l’attente de la décision du tribunal correctionnel de Genève, où les débats s’étaient achevés lundi 18 janvier, il semblait confiant, malgré le réquisitoire incisif du procureur, qui avait demandé à son encontre cinq ans de prison.
Instigateur
Ce 22 janvier, le tribunal a finalement rendu son verdict, après avoir exposé ses motivations pendant plus de deux heures trente minutes. Et il est défavorable à Beny Steinmetz. Celui-ci a été reconnu coupable des faits de corruption et faux dans les titres, qui lui étaient reprochés en lien, notamment, avec les contrats miniers de Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) en Guinée. Le Franco-Israélien est condamné à cinq ans de prison et à une amende cinquante millions de francs suisses de créances compensatrices.
Le tribunal a estimé, comme l’accusation avant elle, qu’il était l’instigateur d’un pacte de corruption visant à permettre à BSGR d’y supplanter son concurrent Rio Tinto dans la zone du Simandou. Les pots-de-vin présumés, versés entre 2006 et 2012, s’élèveraient à environ 10 millions de dollars, dont une partie versée à Mamadie Touré, la quatrième épouse de l’ancien président Lansana Conté.
L’apporteur d’affaires français Frédéric Cilins et l’ancienne administratrice de BSGR Sandra Merloni-Horemans, les deux co-accusés de Beny Steinmetz dans ce procès, ont quant à eux écopé respectivement de trois ans et demi de prison et 5 millions de francs d’amende, et de deux ans de prison avec sursis et 50 000 francs d’amende. Le procureur avait requis quatre ans de prison contre le premier, et deux ans avec sursis pour la seconde.
« Beny Steinmetz n’a aucun pouvoir »
Tout au long du procès, Beny Steinmetz avait rejeté les accusations, arguant notamment du fait qu’il n’était pas décisionnaire au sein du groupe BSGR. Bien qu’il porte son nom, le groupe ne l’emploie en effet que comme conseiller, sans place officielle au conseil d’administration. Il n’est également que « simple » bénéficiaire de la fondation Balda, basée au Liechtenstein et considérée comme la propriétaire de BSGR.
« Je donnais des recommandations, mais ce n’est pas moi qui prenais les décisions et qui m’occupais des détails de l’administration et de la gestion », s’était-il défendu lors du deuxième jour du procès, mardi 12 janvier, avant de conclure : « L’important, c’est la vérité. Et la vérité, c’est que je ne suis que conseiller de BSGR ».
« Qui est Beny Steinmetz ? Il n’est pas Balda, une fondation de droit liechtensteinois que je préside. Il n’est que bénéficiaire de cette fondation et reçoit des émoluments quand il me plaît, il n’a aucun pouvoir », avait également attaqué l’avocat du principal accusé, Marc Bonnant. « Mamadie Touré, qui serait la corrompue, n’est pas assise là. Mais s’y trouve Beny Steinmetz, qui serait le corrupteur. Quelle cohérence y a-t-il ? », avait-il ajouté.
« Le chef, c’est vous ! »
Le procureur avait toutefois estimé dans son réquisitoire que Beny Steinmetz était le véritable patron du groupe, exerçant une autorité de fait, même si elle n’était pas de droit. Il avait brandi plusieurs pièces du volumineux dossier d’instruction – qui en compte plus de quatre millions -, dont plusieurs mentionnent « Beny » comme le « boss » ou « le numéro un ».
« Le chef, c’est qui ? Le chef, c’est vous ! C’est Beny Steinmetz », avait-il poursuivi, avant de requérir cinq ans de prison. La défense des accusés avait en réponse appelé le tribunal à se garder de toute tentation de mener un procès-symbole. « Il ne s’agit pas ici du procès du néolibéralisme, du néocolonialisme, ou des sociétés offshore », avait ainsi déclaré Corinne Corminboeuf Harari, avocate de Sandra Merloni Horemans.
Ce 22 janvier, le tribunal a tranché. Après près de trois heures d’explications, il s’est rallié aux arguments du procureur. La bataille judiciaire devrait cependant se poursuivre, dans cette affaire qui dure depuis pus de sept ans.
Steinmetz fera appel
La défense de Beny Steinmetz n’avait pas fait mystère, avant l’annonce du verdict, de faire appel si la sentence lui était défavorable. Me Marc Bonnant, son avocat, l’a confirmé à l’issue de l’audience : « Il n’a jamais participé à un tel pacte corruptif. Le tribunal n’apporte pas la preuve qu’il a donné des instructions. Sa résolution de faire entendre son innocence est intacte. Nous irons d’instance en instance, jusqu’à Dieu ».
Beny Steinmetz a quant à lui déclaré prendre acte de cette décision « injuste » qui « ne reflète absolument pas ce que les six jours d’audience ont révélé : il n’y ni pacte ni acte de corruption ».
« Je dénonce dix ans de manipulation et de mensonges, une enquête menée uniquement à charge et dans la violation des droits de la défense. Je dénonce aussi les actions et l’influence de Georges Soros à qui j’ai refusé son chantage et sa tentative de corruption », a-t-il ajouté.
Et de conclure : « Dans cette affaire, il n’y a que des témoins qui ont menti, des témoins subornés qui ont été payés pour mentir et qui n’ont pas répondu à leur convocation devant le tribunal. Je reste totalement combatif et confiant, la Justice établira la vérité. »
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