Tunisie – Ennahdha : la (petite) ouverture de Rached Ghannouchi

Après plusieurs rebondissements, Ennahdha a renouvelé son bureau exécutif. Un équilibre précaire des pouvoirs entre différents courants y a été trouvé.

Rached Ghannouchi, chef du parti Ennahdha, à son domicile, à Tunis, le 18 juin 2019. © Ons Abid

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Publié le 29 janvier 2021 Lecture : 2 minutes.

Il aura fallu attendre plusieurs mois pour qu’Ennahdha se choisisse un nouveau bureau exécutif, clé de voûte de l’organisation du parti. Certains voyaient en cette longue période un signe de plus du monopole de Rached Ghannouchi, qui avait dissous le précédent bureau exécutif en mai 2020, sur la gestion du parti et lui prêtaient l’intention de placer ses fidèles au sein du nouveau cabinet.

Après de nombreuses tractations internes, un premier vote a finalement été organisé entre le 31 décembre et le 1er janvier, non sans remous. Plus d’une dizaine de noms n’ont en effet pas obtenu le quorum de 50 voix nécessaire à leur validation, des membres de la Choura (Conseil consultatif) ayant claqué la porte.

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Réformes nécessaires

Parmi les dissensions, la question du secrétariat général du parti. Certains plaidaient pour renouveler ce poste avec un vice-président, d’autres appelant à créer quatre postes de vice-présidents à la place. Le secrétariat général reste finalement vacant, comme c’est le cas depuis novembre 2019.

Le vrai défi ne concerne pas la succession à Rached Ghannouchi mais la définition d’un projet commun

La tension était telle qu’un des représentants de la Choura, Larbi Guesmi, a même annoncé sa démission. Elle n’a pas été acceptée par les instances du parti et il a finalement pris part au second vote tenu le 18 janvier, après de nouveaux pourparlers. « Face à l’usure de la popularité du parti, et à son affaiblissement interne, les réformes sont nécessaires, notamment en termes de gestion interne et de ressources humaines, plaide-t-il. Je pense que le bureau exécutif a repris ses forces et qu’il comporte différents points de vue représentatifs au sein du parti. »

Équilibre des pouvoirs

Certains y voient une réconciliation, d’autres une simple trêve. Les différends internes ont éclaté autour de la question de la gouvernance du « cheikh » à la tête du parti, et sont devenus publics en septembre 2020 avec la publication d’une pétition de cent cadres contre un troisième mandat, qui contredirait le règlement intérieur d’Ennahdha.

Fort d’une trentaine de membres, ce bureau compte aussi bien des proches de Ghannouchi que des réformistes, dont des signataires de cette pétition. Mais opposer le « clan Ghannouchi » au groupe « des cent » est un non sens pour plusieurs cadres tant l’échiquier est varié et les positions évolutives, voire non-déclarées.

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« C’est de la politique politicienne, c’est justement pour garder le pouvoir que Ghannouchi, pragmatique, respecte l’équilibre des pouvoirs », estime Mohamed Gharred, ex-membre d’Ennahdha. « On ne peut pas mettre les priorités partisanes avant les priorités du pays, le vrai défi ne concerne pas la succession à Rached Ghannouchi mais la définition d’un projet commun, surtout sur les plans économique et social », veut croire de son côté Ridha Driss, réélu au sein de ce bureau exécutif.

Réelle ouverture ou art du compromis ? Les intentions devrait être soumises à l’épreuve des faits. Prochaines échéances : les élections locales et régionales du parti en vue de l’organisation d’un 11e Congrès décisif et très en retard (il était censé se tenir en mai 2020), auront valeur de test.

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