Le Cnic fait flop à Douala
Problèmes de trésorerie, tensions sociales : le Chantier naval et industriel du Cameroun sombre. Pour éviter la noyade, une nouvelle direction a été nommée.
Les nouveaux patrons du Chantier naval et industriel du Cameroun (Cnic) ont du pain sur la planche. Installés le 20 mars, Bernard Bayiha, le directeur général, et Roland Maxime Aka’a Ndi’i, son adjoint, doivent enrayer la descente aux enfers entamée après l’éviction, en 2008, puis l’arrestation pour détournement de fonds publics de leur prédécesseur Zacchaeus Forjindam. « Nous sommes en cessation de paiement », affirme une source interne. Au port de Douala, on murmure déjà qu’un plan de restructuration sera nécessaire.
Aucune stratégie commerciale n’a été mise en place pour attirer une nouvelle clientèle.
De 30 milliards de F CFA (près de 46 millions d’euros) au moment de la mise sur la touche de Forjindam, le chiffre d’affaires a plongé à 6 milliards de F CFA en 2010. Puis à 3 milliards de F CFA en 2013, selon des informations fiables. Dans le même temps, l’effectif a triplé – il dépasse 800 personnes -, contribuant à alourdir les charges alors que les commandes se faisaient rares. « Aucune stratégie commerciale n’a été mise en place pour attirer une nouvelle clientèle », poursuit notre source. Résultat : des tensions récurrentes dans la trésorerie.
En 2010, pour relancer la mécanique, Bello Bouba Maïgari, le ministre des Transports de l’époque, avait fait appel à l’expertise coréenne. La direction générale avait donc été confiée à Moon Kwi-ho. Mais ce dernier, en butte à de fortes résistances internes, a jeté l’éponge deux ans plus tard. Son successeur, Seoung Rok Yang, a quant à lui rendu son tablier au bout de quatorze mois, en décembre 2013, sur fond de grèves à répétition et de démissions en cascade.
Pétrolières
« Ce partenariat avec la Corée a été négocié en l’absence de l’équipe dirigeante du Cnic, qui ne l’a jamais accueilli favorablement », glisse notre source. L’alliance a-t-elle vécu ? Le directeur du marketing et de la gestion des projets, dernier cadre coréen encore en poste, a récemment démissionné.
Parmi les projets sur lesquels la nouvelle direction pourrait s’appuyer figure la construction d’un chantier consacré à l’entretien et à la réhabilitation des plateformes pétrolières dans la cité balnéaire de Limbé. Un projet de 140 milliards de F CFA, lancé en 2001 et financé par un pool de bailleurs de fonds emmené par la Banque africaine de développement (BAD), qui devrait créer, à terme, 5 000 emplois.
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