En bon père de famille

Publié le 14 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Depuis le début de l’ère pétrolière, la Guinée équatoriale vit en situation de perpétuelle surchauffe. Avec un taux de croissance à deux chiffres au cours de cinq premières années de la décennie (et un record établi à 67,8 % en 2001), l’économie nationale est en pleine mutation. Si bien que les modes de fonctionnement hérités des années 1980 s’avèrent aujourd’hui obsolètes.
Peu à peu, le pays apprend à gérer sa nouvelle manne. Le vice-ministre des Mines et des Hydrocarbures, Gabriel Mbegha Obiang Lima, a récemment menacé de suspendre les compagnies pétrolières étrangères présentes dans le pays qui ne paient pas régulièrement leurs impôts. Ce rappel à l’ordre des mauvais payeurs s’accompagne d’une coopération de plus en plus régulière avec les institutions financières internationales.

Alors que la Guinée équatoriale s’astreint déjà au respect de critères de convergences relativement stricts dans le cadre de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), Malabo a reçu fin janvier la visite d’une mission conjointe du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.
Au cours de leur rencontre avec les autorités, les experts ont évoqué la situation économique et financière du pays et examiné les progrès réalisés en faveur de l’Initiative sur la transparence des industries extractives (EITI). Le gouvernement s’est d’ailleurs déjà engagé en ce sens en créant, en mai dernier, une commission nationale destinée à assurer une gestion vertueuse des revenus tirés des hydrocarbures. Et à sanctionner les fonctionnaires indélicats.
Après s’être éloignée du FMI pendant une dizaine d’années, la Guinée équatoriale s’en rapproche aujourd’hui pour solliciter un programme d’assistance technique en matière économique. Le directeur du département Afrique du FMI, Abdoulaye Bio-Tchané, a également fait le voyage de Malabo, où il devait préparer une prochaine visite en Guinée équatoriale du directeur général du FMI, l’Espagnol Rodrigo de Rato.

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Reste à savoir si le pays, qui s’est passé des services de Bretton Woods pendant plusieurs années, en a réellement besoin aujourd’hui.
Premier constat, après une période de boom pétrolier, la croissance équatoguinéenne s’infléchit. Le taux de croissance du PIB est passé de plus de 30 % en 2004 à 9 % en 2005, et chacun sait que les ressources tirées des hydrocarbures ne sont pas éternelles. Parallèlement, les autorités et les experts internationaux s’accordent pour dire que la manne pétrolière du pays n’a pas encore « amélioré de façon visible les conditions de vie de la majorité de sa population ». Et souhaitent dès à présent mettre en uvre une stratégie de développement intégral susceptible de réduire véritablement la pauvreté tout en restant dans les limites des dépenses fixées par le budget 2006, et en orientant l’économie vers des activités non pétrolières.
Plus de rigueur dans la collecte des recettes de l’or noir, plus de transparence dans la gestion et, surtout, plus de rationalité dans les dépenses, tels sont aujourd’hui les défis que doit relever l’État équato-guinéen. En collaborant avec la communauté internationale, il ne peut qu’y gagner une réputation de partenaire fiable auprès des investisseurs étrangers. Longtemps considéré comme le dernier Far West à la mode, Malabo se doit désormais d’inspirer confiance.

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