Exclusif : Moulay Hafid Elalamy dévoile la nouvelle stratégie industrielle marocaine

Le ministre marocain du Commerce et de l’Industrie annonce le 2 avril dans l’après-midi la nouvelle stratégie industrielle du Maroc. Objectif de Moulay Hafid Elalamy : créer 500 000 emplois durables d’ici 2020, et augmenter la part de l’industrie dans le PIB de 9 points.

L’ancien patron du groupe Saham est entré en fonctions il y a six mois à peine. © Camille Millerand/JA

L’ancien patron du groupe Saham est entré en fonctions il y a six mois à peine. © Camille Millerand/JA

Publié le 2 avril 2014 Lecture : 3 minutes.

Six mois à peine après sa nomination à la tête du ministre de l’Industrie et du Commerce, Moulay Hafid Elalamy (MHE), lance une nouvelle stratégie industrielle pour le pays. Elle sera présentée le 2 avril dans l’après-midi devant le roi Mohammed VI à l’occasion des Assises de l’industrie qui débutent à Casablanca. Les objectifs du plan MHE sont très ambitieux : multiplier par 7 le nombre d’emplois créés dans l’industrie pour les porter à 500 000 emplois d’ici 2020, et augmenter la part de l’industrie dans le PIB à 23% contre 14% aujourd’hui. « Ces objectifs sont réalistes », soutient le ministre, rencontré ce matin dans son domicile à Casablanca, quelques heures avant son grand oral devant le roi. « D’autres pays y sont arrivés avant nous. Il n’y pas de raison pour qu’on ne réussisse pas à notre tour », dit-il. Le premier axe, et le plus important, consiste à créer des écosystèmes industriels.

Le premier axe, et le plus important, consiste à créer des écosystèmes industriels.

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Ecosystèmes

La stratégie MHE repose sur plusieurs piliers. Le premier, et le plus important, consiste à créer des écosystèmes industriels. Une sorte de groupement d’intérêts économiques entre industriels pour monter en compétitivité. Exit la sous-traitance basique, MHE veut monter en gamme, regrouper les énergies et les moyens pour proposer aux grands donneurs d’ordres internationaux une offre complète, intégrée et, surtout, compétitive. « Dans l’aéronautique par exemple, on a beaucoup d’industriels qui fabriquent, chacun dans son coin, une pièce ou une composante d’avion. L’idée, c’est de les regrouper pour qu’ils puissent proposer à leurs clients une partie complète de l’avion et non des pièces disparates. Le regroupement facilite la négociation et nous fera monter en compétitivité par rapport à nos concurrents », explique Moulay Hafid Elalamy. Capitalisant sur le succès du Maroc dans les industries automobile et aéronautique, MHE assure que sa nouvelle stratégie s’inscrit dans la continuité des précédentes. Les nouveaux métiers mondiaux du Maroc, dit MMM, continueront d’être privilégiés, mais ne seront désormais plus les seuls. « Les secteurs traditionnels comme le textile ou le cuir ont encore un rôle à jouer dans la création de valeur et d’emplois, et nous allons les accompagner pour aller de l’avant », confie l’homme d’affaires devenu ministre sous les couleurs du RNI de Salaheddine Mezouar.

Les secteurs traditionnels comme le textile ou le cuir ont encore un rôle à jouer dans la création de valeur et d’emplois

Financement

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Autre pilier : faciliter le financement de projets industriels en impliquant davantage les banques, mais aussi à travers la création d’un fonds de développement industriel. Un véhicule de 20 milliards de dirhams, porté par l’Etat, qui aura pour objet le soutien d’initiatives d’investissements dans l’industrie. « Ce sera un fonds public à 100%, qui sera financé par le budget de l’Etat à hauteur de 3 milliards de dirhams par an. Il roulera à fonds perdu, puisqu’il ne s’agit pas de prendre des participations dans les projets financés, mais juste de les soutenir, les accompagner, à travers des subventions », confie le ministre. Autre levier activé par Moulay Hafid Elalamy : la refonte du modèle actuel des zones industrielles. Exit les zones situées souvent à la périphérie des grandes villes.

Exit les zones industrielles situées souvent à la périphérie des grandes villes.

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Le ministre veut désormais édifier des zones industrielles proches des centres d’activité, et les rendre surtout accessibles aux industriels. « Un industriel ne doit pas se soucier du foncier, de la construction… ce n’est pas son métier. La stratégie prévoit de mettre en place des centres d’activités avec des locaux clés en main que les industriels pourront louer à des prix accessibles », explique le ministre.

Plus agressif sur les IDE

Last but not least, le ministre veut être plus agressif sur l’attractivité des IDE. Et pour cela, il compte s’appuyer sur des banques d’affaires internationales pour cibler les capitaines d’industrie du monde. Un acte qui devrait signer un vaste changement dans les différents organismes qui s’occuppaient jusque là de cette tâche. « Les agences de promotion des investissements et des exportations qui sont sous ma tutelle devront fusionner prochainement et leur rôle sera redéfini », confie le ministre. Un changement d’approche visible également dans les travaux de préparation de cette nouvelle stratégie, conçue entièrement par les cadres du minsitère.  « J’ai appliqué une logique d’homme d’affaires. Avant de dépenser de l’argent, je pense d’abord à consommer ce que j’ai. Et le ministère regorge de compétences. Des experts marocains nous ont aussi accompagné bénévolement. Cette stratégie a coûté zéro dirham à l’Etat », explique le ministre. Les McKinsey, Valyans et autres cabinets de conseil stratégiques doivent s’en mordre les doigts…

Retrouvez l’interview de Moulay Hafid El Alamy dans Jeune Afrique en vente le 6 avril

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