Berlin fait faux bond

Déficit budgétaire oblige, l’Allemagne annonce qu’elle ne sera pas en mesure de tenir les engagements pris lors du dernier sommet du G8.

Publié le 14 février 2006 Lecture : 2 minutes.

L’Allemagne ne pourra pas tenir la promesse qu’elle a faite l’an dernier au sommet du G8 d’augmenter son aide aux pays en développement si elle ne trouve pas de nouvelles sources de financement, a indiqué au Financial Times le ministre adjoint des Finances, Thomas Mirow. Il précise, d’autre part, qu’il espère une « solution de consencus » aux discussions en cours entre la Commission européenne, l’Allemagne et les autres pays de l’Union au sujet du non-respect par Berlin, en 2005, du Pacte de stabilité et de croissance. L’Allemagne est prête à accepter les mesures qui seraient prises par la Commission pour la punir d’avoir franchi la limite de 3 % du déficit budgétaire (le pays avait annoncé pour 2005 un déficit « inférieur à 3,5 % »). Berlin estime que ce déficit passera sous les 3 % en 2007, mais d’ici là, la priorité est de respecter les règles du Pacte, souligne Mirow.
Dans le cadre de la campagne de lutte contre la pauvreté lancée en 2005 par l’ONU, Berlin s’était engagé à faire passer son aide à 0,51 % de son PIB en 2010 et à 0,7 % en 2015, mais a indiqué qu’il pourrait se heurter à des contraintes budgétaires. Le nouveau gouvernement de la chancelière Angela Merkel a renoncé, en effet, à utiliser les marges de son budget national pour atteindre ces objectifs. « Les anticipations sur 2006-2007 laissent espérer un objectif de 0,51 %, indique le ministre, mais ce sera très difficile. D’autres instruments financiers seront nécessaires. »
L’Allemagne dépense pour l’aide environ 0,3 % de son PIB. Selon Mirow, il sera impossible d’atteindre les 0,7 % avec le seul budget. Ce qui pose problème, car le gouvernement n’a aucun plan concret pour lever des fonds avec les « instruments financiers » actuellement discutés par la communauté internationale, tels que la taxe sur les billets d’avion. Le ministère du Développement reconnaît qu’on ne sait pas trop comment l’Allemagne pourra tenir sa promesse d’aider les pays pauvres. Mirow explique que des « sources financières additionnelles non budgétaires » sont à l’étude, ainsi qu’un allègement de la dette plus important pour les pays en développement – qui serait considéré comme une augmentation de l’aide -, mais les services du développement estiment que ce ne serait pas suffisant.
Gerhard Gad de Venro (GGV), une alliance nationale des groupes de pression pour le développement, souligne que des pays comme le Royaume-Uni, la France et le Chili étudient la possibilité d’instaurer une taxe sur les voyages aériens en faveur du développement. « Pourquoi l’Allemagne n’en ferait-elle pas autant ? » demande GGV. Tout en reconnaissant que « ces instruments, tels qu’ils sont envisagés actuellement, n’engendreront pas de revenus suffisants pour atteindre l’objectif des 0,7 % ». Thomas Mirow, qui coordonne le dossier du G8 au ministère des Finances, indique que les problèmes du développement ne seront pas une priorité lorsque Berlin assumera la présidence du G8 en 2007. « Nous avons l’intention, dit-il, de mettre l’accent sur les questions initialement envisagées pour le Groupe, à savoir la gestion des développements économiques internationaux et des crises potentielles. »

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires