Égypte – Gigi Ibrahim : « La contestation se fait désormais dans la clandestinité »

Figure de la révolution de 2011, Gigi Ibrahim évoque ses souvenirs du mouvement, qui a débuté il y a dix ans jour pour jour. Et livre un diagnostic sans concession sur l’évolution de son pays.

La jeune égyptienne Gigi Ibrahim, le 3 février 2011. © Al-Jazeera English/CC BY-SA 2.0

La jeune égyptienne Gigi Ibrahim, le 3 février 2011. © Al-Jazeera English/CC BY-SA 2.0

Publié le 25 janvier 2021 Lecture : 4 minutes.

Gigi Ibrahim a été l’une des figures de la révolution qui, il y a dix ans, a provoqué le départ forcé du président égyptien Hosni Moubarak, après trente de pouvoir. Le 25 janvier 2011, autrefois « jour de la police » en Égypte, la jeune femme, alors âgée de 24 ans, décide, comme des milliers d’autres jeunes, de descendre dans la rue pour protester contre l’absence de vie démocratique et de perspectives économiques, sur le modèle de la révolution tunisienne qui a fait chuter le 14 janvier le président Ben Ali.

Mais trois jours plus tard, Hosni Moubarak répond par un discours sans concession, et affirme vouloir se présenter aux prochaines élections. Le mouvement ne s’arrêtera plus, jusqu’au départ du raïs, lâché par l’armée elle-même, le 11 février. Une quinzaine de jours durant lesquels Gigi Ibrahim, interviewée par plusieurs médias internationaux et qui apparaîtra sur la couverture du Time Magazine, devient une égérie du mouvement en documentant les manifestations sur les réseaux sociaux

Après la révolution et la reprise en main du pays par l’armée en 2013, elle décide de ne pas quitter l’Égypte, contrairement à nombre de militants de la révolution. Aujourd’hui chef d’entreprise, Gigi Ibrahim a fondé, dans la vieille ville du Caire, une société de fabrication artisanale de chaussures, pour laquelle elle emploie une vingtaine de femmes issues de milieux modestes à travers le pays. Elle se souvient, pour Jeune Afrique, de cette période qui a changé l’Égypte.

Jeune Afrique : En janvier 2011, vous tweetiez depuis les manifestations de la place Tahrir. Les réseaux sociaux ont-ils joué, comme il est souvent dit, un rôle décisif dans cette révolution ?

Gigi Ibrahim : Nous n’avions plus besoin de nous appuyer sur la télévision ou la presse écrite traditionnelle pour nous faire entendre. Tout le monde a pu suivre les manifestations en direct. Nous avons utilisé ces plateformes pour atteindre nos partisans et faire passer nos messages dans le monde entier. Mais l’idée d’une « révolution Facebook » relève un peu du mythe. En fin de compte, ce n’est qu’un outil. Ces plateformes n’ont pas été le catalyseur du soulèvement, même si la mobilisation sociale avait déjà commencé quelque temps plus tôt.

Quelle a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ?

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