Turbulences à l’agence de sécurité aérienne

La responsable du service a été limogée le 14 novembre.

Publié le 12 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Atterrissage forcé pour la responsable de la sécurité aérienne de Gambie. Le 14 novembre dernier, Maimuna Taal, 36 ans, a été démise de ses fonctions puis arrêtée sur ordre du gouvernement. Il lui est alors reproché des manquements dans la gestion du budget de fonctionnement de la structure ainsi que plusieurs autres irrégularités administratives et financières. Sans qu’aucune preuve ne vienne publiquement les étayer, le pouvoir s’est empressé d’imputer ces faits à celle qui était considérée jusque-là, dans beaucoup de capitales africaines mais aussi bien au-delà, comme l’une des personnalités les plus engagées dans l’amélioration de la sécurité aérienne en Afrique. Une tâche d’une importance cruciale sur un continent qui voit tomber trente fois plus d’avions que l’Europe occidentale ou les États-Unis…
Rien d’étonnant, donc, à ce que la nouvelle ait suscité une certaine émotion. Charles Schlumberger, l’un des principaux spécialistes du transport aérien à la Banque mondiale, a rendu un hommage particulièrement appuyé à Maimuna Taal, en déclarant « qu’elle avait été le moteur de la promotion de la sécurité aérienne dans la région ». De son côté, William Voss, le directeur du bureau Navigation aérienne de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), a indiqué qu’elle « avait fait preuve de détermination dans la mise en place et l’amélioration des règles de sécurité aériennes en Afrique de l’Ouest ». Des propos flatteurs plutôt inhabituels dans ce genre de situation… Et qui sèment le doute quant aux véritables raisons qui ont conduit à l’éviction de Maimuna Taal. Réputée pour sa rectitude morale et son combat contre la corruption, elle paierait son opposition à un projet du gouvernement visant à associer son administration au financement d’un nouvel aéroport dans le pays. Alors que Banjul souhaitait que l’agence participe à hauteur de 1,5 million de dollars à sa construction, la jeune femme a estimé que son service n’avait pas vocation à financer ce genre d’aménagement… Quoi qu’il en soit, le fait que son successeur décide de débloquer la moitié des fonds qu’elle refusait d’accorder – comme le souligne un rapport remis à la Banque mondiale par Charles Schlumberger – pose un certain nombre de questions sur la gestion de l’affaire par les autorités.
Emprisonnée pendant cinq jours, Maimuna Taal a aujourd’hui recouvré la liberté, mais reste assignée à résidence. Son passeport lui a également été confisqué, son téléphone coupé et son ordinateur saisi. La Banque mondiale, qui apporte son concours à de nombreux projets en Gambie, fera savoir, elle, dans les prochains mois si elle entend prendre des mesures de rétorsion.

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