Tcheka, prodige du Cap-Vert

Rencontre avec le jeune musicien, lauréat du prix RFI Musiques du monde.

Publié le 12 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Dans la vie, Tcheka est un jeune homme discret et timide. Mais sur scène, ce guitariste inspiré a une présence folle. De son vrai nom Manuel Lopes Andrade, il est né en 1973 sur l’île de Santiago, dans l’archipel du Cap-Vert. Il a reçu le 10 novembre à Dakar le prestigieux prix RFI Musiques du monde (qui a lancé notamment Tiken Jah Fakoly et Rokia Traoré). Dans ses deux albums produits par Lusafrica, Argui ! (2003) et Nu monda (2005), il a développé un style très personnel : il transpose en guitare les percussions du batuque, un rythme traditionnel propre à l’île de Santiago et originellement dévolu aux femmes… Il explore également d’autres genres cap-verdiens comme la tabanka, un rythme de carnaval, ou le talulu, joué pour la fête de Toussaint dans l’île de Fogo. Sur son deuxième album, Tcheka est entouré de Hernani Almeida (guitare), Paul Ribeiro (percussions) et Kizo Oliveira (guitare basse). Le 8 décembre, il offrait un beau concert au Tryptique, à Paris.

Jeune Afrique/L’intelligent : Pourquoi vous êtes-vous tourné vers le batuque ?
Tcheka : Le batuque, rythme typiquement africain, était joué par les femmes. Elles se réunissaient en cercle et, en tapant sur des ballots de tissus, improvisaient des chants sur la vie de tous les jours qui leur permettaient d’exprimer certaines revendications. Dès l’âge de 15 ans, je m’y suis intéressé. J’ai voulu renouveler le genre, lui apporter une autre couleur, une autre dimension, le faire connaître. Je suis content car quand je joue ma musique, que ce soit dans mon pays ou ailleurs, les gens apprécient.
J.A.I. : Vous avez dédié votre prix RFI à votre père…
T. : Mon père était violoniste. Il animait des fêtes, des mariages. C’est avec lui que j’ai appris à jouer de la guitare à l’âge de 9 ans, pour pouvoir l’accompagner. Il était très exigeant, l’apprentissage a été très dur ! Au début, je jouais surtout des mornas et des coladeiras, les deux genres les plus populaires et les plus connus. Ça m’a permis ensuite d’enrichir ma façon de jouer le batuque, que je mélange à différents genres musicaux.
J.A.I. : Quels sont vos projets ?
T. : Travailler de plus en plus et me lever de plus en plus tôt ! Au Cap-Vert, c’est très difficile de vivre de sa musique. J’ai quitté mon village pour monter à la capitale, Praia. Je jouais dans des clubs la nuit, mais, pour vivre, j’ai été cameraman à la télévision nationale. Jusqu’à la sortie de mon premier album, je n’avais jamais pensé à être musicien professionnel. Aujourd’hui, je veux participer au rayonnement de la culture cap-verdienne. Cesaria Evora nous a ouvert une grande porte, nous devons en profiter ! Il y a beaucoup de jeunes comme moi au Cap-Vert, et la diversité de nos musiques est telle que le travail à abattre pour la faire connaître est gigantesque !

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires