Ski de fond(s)

Publié le 12 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Au pays de l’extravagance, la démesure est reine. Sachant ses réserves pétrolières limitées, Dubaï, qui tablait jusqu’à présent sur la construction de gigantesques complexes (loisirs, shopping, hôtels de luxe) pour garnir ses coffres, mise sur l’incroyable : de la neige en plein désert. Un mirage ? Non, une station de ski. Grand comme trois terrains de football, le Ski Dubaï est une gigantesque station artificielle qui peut accueillir jusqu’à 1 500 visiteurs à la fois. Sous un dôme azur symbolisant la voûte céleste, 6 000 tonnes de vraie neige et plusieurs pistes à niveaux variables hérissées de sapins en plastique en ont fait un clone de Saint-Moritz… Carotte sur le bonhomme de neige, un système sophistiqué permet de créer de vrais flocons qui finissent de donner à l’ensemble l’image d’une carte de Noël. On s’y croirait s’il ne régnait hors de la bulle en verre une chaleur torride qui rafraîchit la mémoire des skieurs et leur rappelle qu’ils ne sont pas encore sortis du désert.

Personnellement, ce projet pathétique me laisse de glace. On ne s’y prendrait pas mieux pour rogner les ailes des citoyens du monde. Quel besoin d’aller à la rencontre de son prochain et de découvrir sa culture si on peut désormais faire venir chez soi le château de Versailles, les pyramides d’Égypte ou le pays dogon à grands coups de millions de dollars ? Et puis, tout cela est trop injuste. Voilà pourquoi je suggère aux pays riches de mettre leur ingéniosité au service de contrées trop peu visitées, histoire de briser la glace entre les peuples. Le pôle Nord n’étant guère pris d’assaut par les touristes, à quand une oasis et ses chameaux en pleine terre Arctique ? Du sable chaud et des bêtes à bosse, voilà qui changerait les Esquimaux de la banquise et des morses obèses !

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OK, je sais que je prêche dans le désert de Dubaï. L’émirat est à la croisée de voies de commerce parmi les plus dynamiques du monde, entre Europe, Moyen-Orient et Asie de l’Est. Ce qui représente plus de 1,5 milliard de clients à moins de trois heures d’avion. Une belle manne pour ses projets pharaoniques à venir. Pourquoi pas demain un nouvel Atlantide ? Ne riez pas, c’est fait. Un complexe hôtelier sous-marin entièrement assemblé en Allemagne sera immergé au large de Dubaï à la fin de 2006.
En attendant, le Ski Dubaï fait le plein. Après tout, qu’importe le flocon pourvu qu’on ait l’ivresse des cimes enneigées !

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