Réaffirmer l’espérance

Publié le 12 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

A la veille des années 2000, le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, approuva l’idée d’une « Commission indépendante sur l’Afrique et les enjeux du IIIe millénaire ». Le rapport produit par cette commission porte un titre saisissant : « Vaincre l’humiliation ». Il fut bien accueilli… et on n’en parla plus. Or voici que deux des vingt membres de ce groupe de travail surgissent au premier plan de l’actualité. Ils s’appellent : Ellen Johnson-Sirleaf et Charles Konan Banny. Le destin veut que tous deux dirigent aujourd’hui les gouvernements de deux pays voisins qui ont connu de tragiques aventures. « Vaincre l’humiliation » devient sinon leur devise, du moins et sûrement le défi qu’ils se doivent de relever ensemble.
Dans le cas de Konan Banny, on se souviendra qu’il fut toujours avec Johnson-Sirleaf l’un des signataires de « l’Appel des intellectuels africains pour la paix », fondement du symposium de Cotonou soutenu par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), la Coopération suisse et… la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Le « consensus de Cotonou » (23 décembre 2002) servit de document de référence à plusieurs acteurs et témoins de la table ronde de Linas-Marcoussis, dont l’ancien Premier ministre Seydou Elimane Diarra.
Tout le monde aura justement remarqué la parfaite élégance avec laquelle ce dernier a quitté ses fonctions. La dignité de ce départ contraste avec les habituels comportements d’amertume qui généralement marquent, en Afrique comme ailleurs, la perte de postes officiels.
Seydou Diarra n’avait pas démérité. Je témoigne qu’il avait considérablement fait évoluer un dossier « impossible » et obtenu des résultats appréciables malgré des contrariétés dont nul n’ignore la source. Il s’est donc réjoui que la communauté internationale, tirant leçon de son expérience, ait réussi le « miracle » de lui trouver – dans des conditions nouvelles – le seul successeur à la hauteur des défis d’aujourd’hui : Charles Konan Banny.
Gouverneur d’une BCEAO restée crédible malgré les soubresauts économiques et politiques d’une turbulente Afrique de l’Ouest, l’homme est remarquable par sa capacité de travail, l’organisation minutieuse de son temps et son sens aigu des relations humaines. Avec lui, l’espoir est permis pour le relèvement d’une Côte d’Ivoire meurtrie et humiliée par le comportement irresponsable d’aventuriers de tous bords. Il a, pour réussir, l’autorité d’un gouverneur, le patriotisme intelligent d’un bâtisseur d’économie sociale et l’énergie d’un résistant aux tripatouillages électoraux. Il a aussi le soutien déterminé de la communauté internationale, qui n’hésitera plus à sanctionner et à affronter l’obstacle de la mauvaise foi d’où qu’elle émane.
Et comme le destin, lorsqu’il veut s’exprimer, suscite des circonstances favorables à ceux qui savent l’implorer, les obsèques de la mère d’Alassane Ouattara et du père d’Affi Nguessan permettent à tous de se recueillir, de se tendre la main, de se réconcilier peut-être…
En vérité, le pire n’est jamais sûr…

* Ancien secrétaire général adjoint de l’ONU.

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