RDC : Dan Gertler promet la transparence « dorénavant »
Disposant désormais d’une exemption temporaire pour poursuivre ses affaires avec des banques américaines, l’homme d’affaires israélien promet plus de « transparence et de responsabilité ». À Kinshasa, l’accueil est plutôt partagé.
Si l’obtention de la licence d’un an pour continuer à faire du business avec des institutions financières aux États-Unis lui permet de souffler, Dan Gertler le sait, cette décision du Trésor américain durant les derniers jours de l’administration Trump le soumet, avec ses entreprises, à certaines obligations.
« La licence a été délivrée sur la base de mon engagement envers l’OFAC [Office of Foreign Assets Control, Bureau de contrôle des actifs étrangers] de respecter les termes et conditions fixées par l’OFAC et la loi », a indiqué un communiqué des représentants de l’homme d’affaires en réaction à la décision de l’administration américaine.
« Respecter la loi, la société civile et les organisations internationales »
Face aux doutes et aux critiques, Dan Gertler se veut rassurant. « Dorénavant, la transparence et la responsabilité seront les fondements de notre activité, et nous travaillerons main dans la main avec toutes institutions chargées de faire respecter la loi, la société civile et les organisations internationales »
Proche de l’ancien président de la république Joseph Kabila, Dan Gertler a été placé, en décembre 2017, sous le coup de sanctions américaines.
Nous mettrons en œuvre les mesures les plus strictes de lutte contre la corruption
« Dan Gertler est un homme d’affaires international et un milliardaire qui a amassé sa fortune grâce à des centaines de millions de dollars de transactions minières et pétrolières opaques et corrompues en République démocratique du Congo », martelait en décembre 2017, le secrétariat au Trésor américain, mettant en cause ses relations avec l’ex-président congolais. Washington l’accusait notamment d’avoir fait faire perdre 1,36 milliard de dollars de revenus à la RDC entre 2010 et 2012.
Autorisé à nouveau, depuis la fin de janvier, à procéder à des transactions en dollars, l’homme d’affaires s’est engagé, par communiqué, à saisir cette opportunité pour se relancer. « Avant de nous engager dans des activités précédemment interdites par ce régime de sanctions, nous adopterons et mettrons en œuvre les politiques et les mesures les plus strictes de lutte contre la corruption dans toutes nos activités mondiales », affirme son service de communication.
Droit de se défendre
« À cette fin, nous renforçons et améliorons notre programme de conformité – y compris le programme de conformité aux sanctions et les mesures de lutte contre la corruption – dans toutes nos opérations mondiales », poursuit la même source.
À Kinshasa, on vante la détermination du président… tout en reconnaissant à Gertler le droit de se défendre
Cet engagement paraît rassurer l’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj), l’une des organisations nationales jadis très critique contre l’homme d’affaires. « Nous prenons acte de l’engagement public de l’homme d’affaires Dan Gertler de mener ses activités minières en RDC dans le strict respect des obligations de transparence et de lutte contre la corruption. Nous allons prendre des dispositions utiles pour les monitorer régulièrement », affirme Georges Kapiamba, son coordonnateur.
Du côté du gouvernement congolais, les autorités, empêtrées dans une lutte acharnée de contrôle du pouvoir, se refusent à tout commentaire. Dans l’entourage du président Félix Tshisekedi, on évoque d’abord sa détermination à combattre la corruption et les pillages des ressources naturelles du pays, tout en reconnaissant à Dan Gertler le droit de se défendre.
Le résultat de plus de 15 mois de lobbying
Autre son de cloche du côté de Jean-Claude Mputu, porte-parole de la campagne « Le Congo n’est pas à vendre », qui réunit plusieurs organisations dont Global Witness. « Nous déplorons qu’une décision d’une telle importance, avec des implications critiques pour la RDC, ait été prise par l’administration de Donald Trump cinq jours avant son départ de la maison blanche ».
L’activiste dénonce une décision « d’autant plus inquiétante qu’elle est le résultat de plus de quinze mois de lobbying ». Dans un communiqué, la Campagne a appelé l’administration Biden à « étudier les circonstances qui ont amené à l’octroi de cette licence, y compris son caractère inhabituellement large, et de la révoquer, tel qu’il est en son pouvoir de le faire ».
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