L’esprit des Jeux

La cinquième édition des jeux de la Francophonie est volontairement placée sous le signe de l’aide au développement.

Publié le 12 décembre 2005 Lecture : 3 minutes.

C’est une manifestation exceptionnelle à plus d’un titre qui se déroule dans la capitale nigérienne du 7 au 17 décembre. D’abord parce qu’elle n’est pas uniquement dédiée à la gloire de la performance physique. Depuis leur création, en 1987, les Jeux de la Francophonie mêlent épreuves sportives et artistiques au sein de la même compétition. Outre l’athlétisme, le basket-ball, le football, le judo, la boxe, le tennis de table et – nouveauté 2005 – la lutte traditionnelle, les 44 délégations qui participent cette année à l’événement s’affrontent aussi à travers des concours de chansons, de contes, de danse, de littérature, de peinture, de photographie et de sculpture. Autre particularité, le coup d’envoi des Jeux a été donné avant même leur lancement officiel. Alors que la cérémonie d’ouverture a eu lieu le 7 décembre, le tournoi de football a démarré deux jours plus tôt.
En outre, « ces Jeux vont permettre de laisser un héritage par la mise en place d’initiatives qui dépasseront le seul cadre de leur organisation », soulignait Jean-François Lamour, le ministre français de la Jeunesse et des Sports, le 29 novembre dernier, lors de la présentation de la manifestation, à Paris. En d’autres termes, si elle est organisée tous les quatre ans, la grand-messe culturelle et sportive francophone s’inscrit aussi et surtout, pour le Niger, dans le cadre de la politique de développement menée par la communauté des États ayant le français en partage. Ainsi, en plus de leur contribution au budget total de 12 millions d’euros des Jeux, la France et le Canada, les deux principaux bailleurs du monde francophone, ont débloqué des fonds supplémentaires dans le cadre de leur politique d’aide au développement. L’Agence française de développement (AFD) a financé la réfection de la voirie urbaine de Niamey et la rénovation de l’aéroport pour 17,6 millions d’euros. De son côté, la Croix-Rouge française a signé une convention de partenariat avec l’administration de Jean-François Lamour, qui lui versera une enveloppe de 100 000 euros. Cogérée par la Croix-Rouge nigérienne, cette somme servira à mettre en oeuvre un programme éducatif qui comprend, notamment, la construction de cinq salles de classes. Les deux pays occidentaux apportent, à eux seuls, plus de 700 000 euros au fonds spécifique de solidarité francophone avec le Niger. Créé lors de la 21e session de la conférence ministérielle de la francophonie, les 22 et 23 novembre dernier, à Madagascar, et d’un montant total d’un million d’euros, ce fonds doit servir à construire ou réhabiliter des centres nutritionnels au Niger. Organisateurs et participants ont, enfin, pris la décision de placer l’événement « sous le signe de la rigueur, de la sobriété et de l’économie », comme le souligne Abdou Diouf, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Une logique qui a, par exemple, conduit la délégation française à limiter ses dépenses. Ainsi, il n’y aura pas à Niamey de « Club France », le traditionnel lieu de détente des sportifs présent dans toutes les compétitions internationales. Le Canada s’est engagé, pour sa part, à consacrer un peu plus de 2 millions d’euros de sa participation globale à la création d’unités de soins d’urgence et la formation de secouristes.
La cinquième édition des jeux de la Francophonie vise par conséquent à remplir deux objectifs : contribuer, un tant soit peu, à l’amélioration des conditions de vie au Niger… Et faire taire, définitivement, les voix qui se sont élevées pour critiquer leur tenue dans un pays qui peine encore à se remettre d’une grave crise alimentaire.

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