La vraie richesse des nations

Publié le 12 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Selon le calcul traditionnel des valeurs ajoutées produites chaque année dans un pays par les entreprises et les administrations, le PIB mondial serait de l’ordre de 45 000 milliards de dollars en 2005. Ce qui donne un PIB par habitant de 7 000 dollars, avec une moyenne de 500 dollars pour les pays les moins avancés (PMA) et de 32 000 dollars pour les pays industrialisés. Tel est le schéma actuel de la répartition de la richesse mondiale.
Les économistes ont plusieurs fois tenté de mesurer autrement la valeur des choses, certains allant jusqu’à calculer le « bonheur national brut » pour tenir compte des valeurs immatérielles. Mais aucun modèle n’est parvenu à détrôner le PIB.
La seule notion que la Banque mondiale a accepté d’introduire est celle du pouvoir d’achat : 1 dollar ne permet pas, en effet, d’acheter la même quantité de produits à New York, à Hong Kong ou à Bamako. Pour chaque pays, la Banque calcule ainsi un « dollar réel », le dollar PPA (parité de pouvoir d’achat). Résultat : le nouveau PIB par habitant passe à 9 000 dollars PPA en moyenne mondiale, 2 500 pour les PMA et 31 000 pour les pays riches. Mais ce mode de calcul est encore perfectible. Grâce à un don de la Suède, la Banque mondiale entame une nouvelle recherche : calculer la véritable richesse des nations en ajoutant au PIB classique (production matérielle) de nouvelles composantes intangibles, comme les richesses naturelles (sol, sous-sol, forêt), les ressources humaines (éducation, savoir-faire), l’importance de l’urbanisation et la capacité des institutions à bien gérer. Objectif : mesurer autant que faire se peut la part du capital humain et du capital naturel. Et l’impact des changements climatiques et de la détérioration de l’environnement sur eux.
Dirigée par l’économiste Kirk Hamilton, l’équipe de la Banque mondiale a profité du Sommet mondial sur le climat de Montréal pour annoncer, le 6 décembre, les résultats de ses travaux*. Le vrai PIB est quinze fois plus important que le PIB classique : 7 500 dollars per capita pour les PMA et 440 000 pour les pays riches. Mais la part de la richesse naturelle est de 26 % pour les PMA, contre 2 % pour les pays riches. La domination de ces derniers est à mettre sur le compte de leur savoir-faire (capital intangible), qui représente 80 % de la richesse totale, contre 58 % pour les PMA. Pour les deux groupes, la part de la richesse matérielle est la même (16 % pour les PMA et 18 % pour les autres). Conclusion : toute atteinte à l’écosystème aura des conséquences beaucoup plus lourdes sur les pays en développement.

* Where is the Wealth of Nations ? Measuring Capital for the 21st Century, Banque mondiale, 180 pages.

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