« Sur Ceuta et Melilla, il n’y a rien à négocier : elles sont espagnoles »
Crise migratoire, Sahara, lutte antiterroriste… La ministre espagnole des Affaires étrangères Arancha González Laya revient sur les dossiers chauds entre son pays et le Maghreb.
La nomination, le 13 janvier 2020, d’Arancha González Laya au poste de ministre espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne (UE) et de la Coopération a surpris, tant cette Basque de 51 ans ne faisait pas partie du sérail diplomatique. Elle a pourtant une longue expérience des négociations internationales, aux côtés de Pascal Lamy, commissaire européen puis directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle a aussi dirigé le Centre de commerce international, chargé par l’ONU et l’OMC de rendre les entreprises des pays en développement plus compétitives sur les marchés mondiaux.
Polyglotte, elle a arpenté l’Afrique, avec laquelle elle souhaite une coopération dans tous les domaines afin que les pays les plus démunis ne soient pas marginalisés. La ministre affirme ne pas rejeter l’immigration africaine, mais entend l’ordonner. Elle applaudit ainsi le partenariat avec le Maroc, mais ne discutera pas d’une évolution des statuts des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla.
Jeune Afrique : Les flux migratoires ont repris en direction des Canaries et de l’Espagne. Quelle est la politique espagnole en matière d’immigration ?
Arancha González Laya : Rappelons d’abord que, sur dix migrants africains, huit se dirigent vers un autre pays du continent et deux seulement vers l’Europe. La poussée migratoire actuelle est liée à la crise économique due au Covid-19. Le tourisme s’est arrêté, le commerce a chuté, l’envoi d’argent des migrants à leur famille a diminué, les États n’ont pu collecter l’impôt. Si on fait la somme de ces mises à l’arrêt, dont j’ai pu constater les méfaits au cours de mes voyages en Afrique, on comprend que la crise a relancé les départs vers l’Espagne par la route de l’Atlantique, qui était fermée depuis 2018. Les mafias qui les organisent se sont rappelé que le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal ne se trouvent pas très éloignés de nos îles Canaries.
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