Juppé, le retour

Publié le 12 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Le feuilleton présidentiel va-t-il s’enrichir d’un nouveau personnage ? Ou plutôt d’un revenant. Alain Juppé se profile à l’horizon. La cour d’appel ayant réduit de dix à un an son inéligibilité, il a recouvré, le 6 décembre, le droit de voter et de se faire élire. La nouvelle a été bien accueillie dans les partis, où son intégrité personnelle n’a jamais été mise en cause. La fidélité stoïque avec laquelle il s’est laissé accuser de quelques basses besognes, en lieu et place du maire de Paris devenu intouchable à l’Élysée, lui permet de réapparaître la tête haute. Quant aux socialistes, ils voient déjà dans la seconde chance promise à Juppé l’irruption programmée d’un troisième homme, qui ne pourra qu’ajouter aux embrouilles de l’équation Villepin-Sarkozy, et compenser si peu que ce soit les effets délétères des divisions de la gauche. D’autant que l’ancien Premier ministre, rappelle insidieusement un stratège de l’équipe socialiste, n’a jamais cessé d’être une carte dans le jeu imprévisible de Jacques Chirac.
Face à ces supputations, Juppé s’en tient à son attitude constante depuis qu’il s’est réfugié avec sa famille à Montréal, où il enseigne à l’École nationale d’administration. Il ne se mêlera pas des compétitions politiciennes parisiennes. Mais il continuera grâce à son blog de donner librement son opinion sur « les grands sujets qui intéressent l’avenir des Français »… et donc le sien du même coup. Quand il ajoute : « Le moment venu, je dirai ce que je pense », ce demi-aveu est bien la preuve qu’il se prépare du bout du monde à l’échéance de 2007.
Bordeaux devrait être la première étape de son retour. C’est dans la capitale girondine déjà, au pays de son enfance, qu’il était allé chercher la consolation et la revanche de son échec de Matignon, conquérant la mairie puis le Conseil régional, découvrant surtout les vertus d’un contact populaire qu’on avait tant reproché à ce « psycho-rigide » de négliger dans ses décisions gouvernementales comme dans ses relations avec les élus.
Après la rédemption de l’exil, l’onction de la légitimité électorale. Le retour sera alors accompli. Alain Juppé pourrait-il même être candidat à la candidature présidentielle, comme le permettent les nouveaux statuts de l’UMP ? « En politique, tout est possible », a répondu Valérie Pécresse, la porte-parole du mouvement. Sage laconisme. À quinze mois des arbitrages du pays, la seule certitude est qu’on ne peut être certain de rien.

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