Dick Cheney et l’indéfendable

Publié le 12 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Il n’est nul besoin de croire tout ce qu’on lit sur les goulags secrets installés par les États-Unis en Europe de l’Est, sur les rapts réguliers et sur la « livraison » des suspects de terrorisme à des régimes pratiquant la torture, non plus que sur le traitement inhumain que subissent les prisonniers des Américains, pour comprendre le tort que cette polémique fait au prestige de l’Amérique. Les images glaçantes de la prison d’Abou Ghraib sont dans toutes les mémoires. Guantánamo reste l’une des armes les plus puissantes entre les mains des ennemis de l’Amérique.

Le président George W. Bush déclare que les États-Unis n’ont pas recours à la torture. Le département d’État jure que les activités de la CIA en Europe sont conformes au droit international. Mais même pour les amis les plus fidèles de Washington – ses alliés dans la guerre en Irak -, les démentis sont pratiquement… démentis par l’attitude de Dick Cheney. Le vice-président veut que la CIA soit exemptée de l’interdiction votée par le Congrès de traiter les détenus « de manière cruelle, inhumaine et dégradante ». Pourquoi donc la CIA aurait-elle besoin d’être exemptée si elle n’utilisait pas la torture ?

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L’homme politique qui a la vision la plus claire dans cette affaire est un Américain, pas un Européen. Ancien du Vietnam qui fut lui-même fait prisonnier et torturé, John McCain a fait adopter par le Sénat deux résolutions interdisant de maltraiter les combattants ennemis et les suspects de terrorisme. Il soutient que de telles pratiques affaiblissent considérablement la position morale de l’Amérique et mettent gravement en danger les soldats américains qui pourraient tomber entre les mains de l’ennemi. L’application de la loi n’est pas affaire de caprice. « Ce qui est en question, c’est le rôle que nous jouons en tant que défenseurs de la démocratie et de la liberté », explique McCain.

Mon sentiment est que de nombreux membres de l’administration sont d’accord avec lui. John Negroponte, le directeur du renseignement, s’est récemment abstenu, en privé, de défendre Cheney. J’ai moi-même entendu un proche conseiller du président affirmer qu’il n’avait aucune intention de « défendre l’indéfendable ».

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