Des pépites à ciel ouvert

Après l’inauguration de la mine de Loulo, la recherche aurifère se poursuit activement.

Publié le 12 décembre 2005 Lecture : 3 minutes.

Le 8 novembre, Roger Williams, directeur financier de Randgold Resources, une compagnie minière sud-africaine cotée au Nasdaq et au London Stock Exchange, annonçait, non sans une légitime fierté : « Le premier lingot d’or de la mine de Loulo a été exporté aujourd’hui vers l’Afrique du Sud. » L’inauguration officielle aura lieu quatre jours plus tard, en présence du chef de l’État malien Amadou Toumani Touré, du président de Randgold Resources Philippe Liétard et de son directeur exécutif Mark Bristow.
Située à 35 kilomètres de Kénieba, dans la région de Kayes, à l’ouest du Mali, la mine, qui comprend les gisements de Loulo zéro et Yaléa, recèle 4,2 millions d’onces de réserves prouvées, dont 1,8 million à ciel ouvert, et des ressources totales estimées à 8 millions d’onces, « à seulement 600 mètres de profondeur », précise Williams. Pour ne rien gâcher, Yaléa ressemblerait au gisement d’Obuasi, au Ghana : « Des sondages effectués à 900 mètres montrent une teneur très élevée », confie Mahamadou Samake, directeur général de Randgold Mali.
L’importance de ces découvertes fait de Loulo la seconde mine du Mali, dont l’exploitation aura nécessité plus de 100 millions de dollars d’investissement. Elle emploie 450 personnes et son coût de production se situe entre 230 et 260 dollars l’once. « Avec une teneur et des réserves plus faibles qu’à Morila, mais des ressources plus fortes, son espérance de vie atteint au moins vingt ans », confie le directeur financier, qui prévoit un investissement supplémentaire de près de 90 millions de dollars au cours des quatre prochaines années.
Quant à Morila, elle compte parmi les dix premières mines du monde. Détenue conjointement par AngloGold Ashanti, Randgold et l’État malien, elle a rapporté 3,5 millions d’onces depuis son ouverture, en 2000. Sa production annuelle s’élève à 500 000 onces, contre 200 000 à 260 000 pour sa rivale. Mais ses jours semblent comptés : en l’absence de nouvelles découvertes, elle devrait fermer vers 2008, puis gérer ses stocks sur trois ans.
La mise en exploitation de Loulo est une aubaine pour les autorités maliennes, mais elle ne suffira pas à enrayer le déclin de la production, qui – sauf imprévu – devrait baisser à 20 tonnes par an à partir de 2011, contre 50 aujourd’hui. « Et ce malgré la mise en exploitation des nouveaux gisements : Loulo et Tabakoto cette année, Wassulou or de Kodieran au premier trimestre 2006, sans compter la reprise éventuelle de Syama par des Australiens en 2007 », indique Dramane Dembélé, directeur national de la géologie et des mines.
À son pic en 2002, la production aurifère représentait 12 % du PIB et 67 % des recettes d’exportation. « En 2004, l’exploitation de l’or aura rapporté près de 40 milliards de F CFA de recettes fiscales à l’État », souligne Dramane Dembélé. Aujourd’hui, le pays compte cinq mines en activité : outre Loulo et Morila, il y a Sadiola et Yatela, exploitées par AngloGold, et Kalana, opérée par le britannique Avnel Gold.
La recherche, principalement effectuée par de jeunes compagnies australiennes ou canadiennes, se poursuit activement, en particulier à l’Ouest et au Sud, malgré une fiscalité moins favorable aux nouveaux investisseurs, si l’on compare les codes miniers de 1991 et 1999. Au total, environ 130 titres miniers ont été délivrés sur tout le territoire à quelque 90 sociétés.
Mais si le métal jaune rapporte, à la faveur de cours mondiaux élevés, les Maliens n’en profitent guère. Il est vrai que, comparé au coton, le secteur minier est moins gourmand en main-d’oeuvre : 7 000 emplois directs seulement, tandis que le coton fait vivre quelque 3,5 millions de personnes. Mais en l’espace de dix ans, le paysage économique du Mali n’en a pas moins changé grâce aux mines, gourmandes en énergie et consommatrices d’équipements lourds. Avec 1,7 million d’onces, le pays est désormais le troisième producteur d’or sur le continent, derrière l’Afrique du Sud et le Ghana, qui affichent respectivement 11 millions et 2,5 millions d’onces.

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