Des pistes d’avenir

Handicapé par la fragilité de ses performances agricoles, le pays veut limiter sa dépendance vis-à-vis du secteur primaire.

Publié le 12 décembre 2005 Lecture : 3 minutes.

Il fallait s’y attendre : dans un pays où le secteur primaire occupe une place prépondérante dans la production de richesses nationales, il suffit d’une mauvaise campagne agricole pour nuire à la vitalité économique de l’ensemble. L’année dernière, la sécheresse et l’invasion des criquets en ont apporté une nouvelle démonstration. Après avoir augmenté de 4,2 % en 2003-2004, la production vivrière a ensuite reculé de 23,7 %. Le taux de croissance ne pouvait que répercuter cette baisse en chutant à 0,9 % (contre 3 % en 2003). De quoi accentuer la pauvreté d’une bonne partie de la population voire, dans certains cas, prendre des proportions dramatiques (lire pp. 59-60).
En 2005, les perspectives sont plus réconfortantes, les récoltes ont été meilleures et les prévisions misent sur une croissance du PIB dépassant 4 %. Mais la situation demeure particulièrement fragile. La faiblesse des revenus rend les populations rurales particulièrement vulnérables en cas de pénurie, et le Niger ne compte quasiment aucune filière de transformation. Reste aussi le problème de l’élevage, qui constitue la deuxième filière d’exportation du pays. Les éleveurs ont pour la plupart bradé leur bétail pour assurer leur survie et celle de leur famille durant la crise alimentaire. Il faut à présent reconstituer le cheptel.
« Pour créer les conditions de notre richesse, nous devons valoriser le secteur primaire, qui représente 40 % de notre produit intérieur brut (PIB), résume le ministre de l’Économie et des finances, Ali Lamine Zeine. Pour cela, il faut tenter de s’affranchir des aléas climatiques et développer le potentiel de notre sous-sol. » En 2004, l’extraction d’uranium assurée par la Compagnie minière d’Akouta (Cominak) et la Société minière de l’Aïr (Somaïr) dans la région d’Arlit, activité représentant environ 30 % de l’économie formelle, a progressé de 3,3 % pour atteindre 3 282 tonnes. Le Niger figure au troisième rang mondial, après le Canada et l’Australie, mais les redevances de l’État ne représentent que 16 % des revenus tirés de l’uranium par les deux filiales du groupe français Areva. Quant à la recherche pétrolière, elle est en suspens. Le permis d’exploration délivré il y a quatre ans et demi aux groupes ExxonMobil (États-Unis) et Petronas (Malaisie) arrive bientôt à expiration. À ce jour, les réserves prouvées découvertes dans la zone désertique qui s’étend au nord de N’Guimi, près de la frontière tchadienne, représentent environ 350 millions de barils. Mais la rentabilité de ce gisement est sujette à caution. Les investissements nécessaires incluant un raccordement au pipeline Tchad-Cameroun ou un acheminement du brut vers le Bénin sont particulièrement onéreux. Et la commercialisation du premier baril ne pourra débuter avant une dizaine d’années.
« L’autre priorité concerne l’assainissement des finances publiques. Cela passe par une réduction de la dette, une maîtrise des dépenses, la lutte contre la fraude fiscale et une imposition progressive du secteur informel, détaille le ministre de l’Économie et des Finances, qui conclut : « Ce sont les conditions pour une croissance forte et durable. » Avec un taux de pression fiscale avoisinant les 11 % du PIB, le gouvernement a, dans un premier temps, opté pour la TVA afin de se conformer aux critères de convergence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Après le tollé suscité par cette mesure en mars dernier, les autorités misent à présent sur un élargissement de l’assiette fiscale (nombre de contribuables) et sur la mise en place d’un impôt foncier. « Fiscaliser un pays dans lequel 85 % de la population n’est pas assujettie à l’impôt direct en raison de revenus insuffisants est une mission particulièrement difficile », avertit le Premier ministre Hama Amadou, qui se trouve pourtant dans l’obligation de répondre positivement aux injonctions des institutions de Bretton Woods. À la clé : une réduction de la dette, estimée à plus de 1 000 milliards de F CFA (1,8 milliard de dollars), et une aide du Fonds monétaire international (FMI) qui se chiffre à présent à 20 milliards de F CFA (37,5 millions de dollars).

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