Tout vient à point pour qui sait attendre

Publié le 13 novembre 2007 Lecture : 3 minutes.

Il est 16 heures. Comme tous les jours ouvrables à la même heure, les alentours du consulat général de France (CGF) à Dakar sont pris d’assaut par plusieurs dizaines de demandeurs de visa. Une foule disciplinée, calme et anxieuse. Moussa et Mame Yacine sont étudiants. Ils sont passés par le Centre pour les études en France (CEF) de Dakar pour obtenir un rendez-vous au CGF et déposer leur demande. Depuis 2005, tous ceux qui veulent poursuivre des études supérieures dans l’Hexagone sont obligés de s’adresser au CEF, qui vérifie « les pièces pédagogiques ». Les frais de dossier s’élèvent à 50 000 F CFA. Les démarches ont pris quelques semaines. Mais si l’on en croit ces jeunes, cela vaut la peine. Ils avaient raison. Un peu après 17 heures, ils repartent sourire aux lèvres, visas en poche, sûrs de fouler le sol français. Les tracasseries appartiennent déjà au passé.
Qui veut un visa doit d’abord être patient. Pour obtenir un rendez-vous au CGF, il faut passer par un centre d’appels dont les opérateurs n’ont d’autre fonction que celle de communiquer une date et une heure. « Pour obtenir un rendez-vous, il faut poireauter en moyenne un mois. Il ne sert à rien d’insister ou de demander des informations. Ils [les opérateurs] disent toujours qu’il faut patienter. En cas d’urgence, c’est pareil », déplorent quelques demandeurs de visa postés à 50 mètres du CGF, en attendant l’ouverture des portes prévue depuis déjà une demi-heure. Cependant, il y a des exceptions. Un fonctionnaire affirme qu’il lui a suffi de se présenter la veille avec un ordre de mission pour être reçu. « Néanmoins, comme tous les autres, j’ai dû apporter un tas de papiers », dit-il. « De la paperasse que les Français devraient vraiment alléger. Il faut tellement de choses que je me dis que c’est peut-être pour ça que certains préfèrent voyager clandestinement », ajoute son voisin qui a déjà son visa, mais qui a fait de nombreux va-et-vient pour compléter son dossier. Il envisage d’aller en vacances avec sa fille, qui, elle, ne détient toujours pas son document. Il a déposé la veille une autorisation parentale de la mère. Sans ce papier « complémentaire », pas de visa pour l’enfant. « On a déjà perdu plus d’un mois. J’espère que j’aurai son visa aujourd’hui, déclare-t-il. C’est stressant et même un peu humiliant d’être contraint de donner tellement de justificatifs, mais ça ne me coupe pas l’envie d’aller en France. Et puis, à part les délais trop longs pour le rendez-vous au consulat et l’attente dans la rue l’après-midi avant la délivrance des passeports, je trouve que beaucoup d’efforts ont été faits notamment en ce qui concerne l’accueil et le temps d’attente le matin. À présent, déposer un dossier prend moins de deux heures. Ce qui est embêtant, c’est quand il faut des pièces supplémentaires, comme dans mon cas », explique ce père de famille. Un peu plus loin, deux jeunes paraissent un peu perdus. Ce sont des délégués médicaux qui doivent participer à un stage. À quatre jours du début de la formation, ils ignorent si des documents censés avoir été faxés au CGF ont été reçus ou non. Comme il n’y a ni bureau d’accueil ni centre de renseignements et que de surcroît les deux numéros de téléphone qu’on leur a donnés sont toujours sur répondeur, ils ne savent plus vers qui se tourner. Seront-ils aussi chanceux que Moussa et Mame Yacine ?

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