Tortionnaires et vidéastes

Publié le 13 novembre 2007 Lecture : 1 minute.

L’affaire, comme tant d’autres, aurait pu demeurer à jamais ignorée de l’opinion et de la justice. Mais, à l’instar des militaires américains filmant leurs exactions dans la prison irakienne d’Abou Ghraib, deux policiers égyptiens n’ont pu résister au douteux plaisir d’immortaliser sur leurs téléphones portables les tortures infligées à un infortuné chauffeur de bus. Grâce à Internet, les images ont ensuite été diffusées dans le monde entier. Les autorités ont fini par s’en émouvoir. Et par sévir : le 5 novembre, le tribunal du Caire a condamné les policiers à trois ans de prison ferme. Une première dans un pays où les violences policières dans les commissariats, les prisons et jusque dans la rue sont monnaie courante.
L’affaire commence en janvier 2006. Un chauffeur de bus, Imad el-Kébir, 22 ans, tente de s’interposer lors d’une altercation entre son cousin et un officier de police, le capitaine Islam Nabih. Il est arrêté et conduit au poste de Boulaq al-Dakrour, un quartier miséreux du Caire. Nabih et son adjoint, le caporal Reda Fathi, s’acharnent contre le prisonnier, le dénudent, le frappent, le sodomisent avec une matraque et filment consciencieusement la scène. Après quoi, les images sont diffusées auprès des conducteurs de bus du quartier – pour humilier leur collègue récalcitrant -, puis sur le Net. Imad sera condamné à trois mois d’emprisonnement pour résistance à agent de la force publique.
Quand Me Nasser Amin, un avocat spécialiste des droits de l’homme, prend connaissance de l’affaire, il convainc la victime, dès sa libération, de porter plainte contre ses tortionnaires. Avec le succès que l’on sait. Depuis, les dénonciations d’actes de torture filmés par vidéo se multiplient, paraît-il. On n’arrête pas le progrès.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires