Quand Apple oublie l’Afrique
S’appuyant sur le succès de l’iPod, la firme à la pomme fait une entrée remarquée dans la téléphonie mobile. Avec une stratégie commerciale discutable.
Annoncé en janvier, commercialisé aux États-Unis depuis juin et en Europe depuis le 9 novembre, l’iPhone d’Apple a bénéficié d’une couverture médiatique sans précédent pour un téléphone portable. Comme si le succès du baladeur iPod dans le monde de la musique numérique allait s’appliquer à un téléphone doté des mêmes fonctions multimédias (musique et vidéo) et d’un écran tactile. Ce n’est pas sa seule originalité. Au lieu de simplement vendre l’appareil aux opérateurs, le groupe californien tient à signer un contrat d’exclusivité avec ceux d’entre eux qui acceptent de lui verser des redevances sur le trafic de communication. Une révolution dans une profession où existait jusqu’à présent une frontière nette entre équipementiers et opérateurs de télécommunications. Mais le jeu, semble-t-il, en vaut la chandelle : le 30 juin, jour du lancement de l’iPhone aux États-Unis, l’américain ATT, premier distributeur exclusif, enregistrait 146 000 commandes au prix de 399 dollars (280 euros), dont 40 % de nouveaux abonnés.
En Europe, T-Mobile s’est lancé en Allemagne le 9 novembre, le même jour qu’O2 sur le marché britannique. Orange a remporté la mise mi-octobre pour la France, à l’issue de trois semaines de négociations. La législation française interdisant ce type d’exclusivité commerciale (la vente liée), Orange vendra, à partir du 29 novembre, des iPhone réservés à son réseau au prix de 399 euros et d’autres, capables de fonctionner sur d’autres réseaux, à un prix inconnu pour le moment. Les sites de vente aux enchères proposent quelques modèles en provenance des États-Unis, qui ont ensuite été débloqués pour pouvoir fonctionner sur n’importe quel réseau, une manipulation que maîtrisent désormais les pirates. Le prix de vente atteint souvent 500 euros.
Inadapté aux marchés africains
Qu’en sera-t-il en Afrique ? Interrogée sur ses projets de commercialisation de l’iPhone sur le continent, la direction EMEA (Europe Middle East and Africa) du groupe, basée à Paris, se refuse à répondre. Même mutisme concernant l’Afrique du Sud, seul pays africain où Apple a installé une filiale. Tout juste peut-on apprendre de la société Diagone, distributeur au Maroc, que l’iTouch figure à son catalogue, au prix de 4 300 DH en 8 Go (380 euros). Les Africains devront-ils se contenter de ce baladeur numérique qui ressemble à s’y méprendre à l’iPhone, mais sans aucune fonction téléphonique pour un tel prix ? La réponse est oui à plus de 90 %, puisqu’ils sont à plus de 90 % utilisateurs d’une carte prépayée, système incompatible avec la vente liée d’un téléphone et d’un abonnement mensuel, stratégie commerciale chère à Apple
Techniquement, l’iPhone n’est d’ailleurs pas l’appareil le plus adapté à un contexte africain. S’il apporte de nombreux avantages grâce à sa simplicité d’utilisation, à la taille de sa mémoire et à des fonctions comme la connexion WiFi, utile pour l’Internet mobile, il présente des insuffisances dont l’impact est loin d’être négligeable. Notamment l’absence de prise en charge de la norme 3G, pourtant de plus en plus utilisée par les opérateurs pour combler le retard du continent dans l’accès à Internet. Tous comptes faits, autant opter pour les nombreux modèles que les concurrents se sont empressés de développer pour barrer la route au nouveau venu (lire encadré). Et laisser le dernier gadget d’Apple aux technophiles disposant d’un portefeuille bien garni
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Au Mali, le Premier ministre Choguel Maïga limogé après ses propos critiques contr...
- CAF : entre Patrice Motsepe et New World TV, un bras de fer à plusieurs millions d...
- Lutte antiterroriste en Côte d’Ivoire : avec qui Alassane Ouattara a-t-il passé de...
- Au Nigeria, la famille du tycoon Mohammed Indimi se déchire pour quelques centaine...
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?