[Chronique] Tanzanie : Magufuli, le président « bulldozer » antivaccin

Comme vient de le rappeler sa ministre de la Santé, la Tanzanie entend snober les vaccins contre le Covid-19. Choix sanitaire réfléchi ou énième pied de nez politique d’un régime qui s’isole ?

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Publié le 4 février 2021 Lecture : 2 minutes.

L’esprit de contradiction et l’esclandre ambiguë seraient-ils les deux mamelles du régime de John Magufuli ? Au moment où le président sud-africain déplore le manque de vaccins anti-Covid pour les pays les moins nantis – du fait de la gloutonnerie des pays riches –, son collègue tanzanien baye aux corneilles.

Au cheval de bataille continental enfourché par Cyril Ramaphosa, les autorités de Dodoma préfèrent l’indifférence à l’égard des prophylaxies censées immuniser contre le coronavirus. Ce qu’a d’ailleurs confirmé la ministre de la Santé du pays d’Afrique de l’Est.

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Lors d’une tournée des télévisions nationales, Dorothy Gwajima vient de répéter que la Tanzanie n’avait « pas prévu de se procurer des vaccins contre le Covid-19 », ajoutant que le recours à un produit médical nécessitait des protocoles devant inspirer confiance au gouvernement.

Une opération globale d’exploitation des Africains

La ministre ne fait que relayer la méfiance du chef de l’État à l’égard de la communauté scientifique internationale. En janvier, John Magufuli avait même mis en garde son ministère de la Santé contre une homologation précipitée des vaccins fabriqués à l’étranger. Selon lui, ces derniers pourraient faire partie d’une opération globale d’exploitation des Africains par « des essais de vaccinations douteuses qui peuvent avoir de graves répercussions ».

« Grâce à Dieu »

Fidèle à son surnom de « bulldozer », c’est à l’aide d’une argumentation des plus populistes que Magufuli a tenté de discréditer les autorités occidentales : « Si l’homme blanc était capable de trouver des vaccins, il aurait déjà dû trouver un vaccin contre le sida, il aurait déjà trouvé un vaccin contre la tuberculose, il aurait déjà trouvé un vaccin contre la malaria, il aurait déjà trouvé un vaccin contre le cancer. »

Des tests positifs concernant une papaye, une caille et une chèvre

Si Magufuli cultive l’esprit de contradiction, il élève l’esclandre au rang de stratégie politique. En mai, le président avait décrédibilisé son propre laboratoire national de santé en annonçant avoir reçu des tests positifs concernant une papaye, une caille et une chèvre. Après avoir évoqué de possibles sabotages liés à de plausibles ingérences étrangères, refusé tout couvre-feu et confinement et cessé de publier des chiffres officiels concernant le Covid-19 depuis avril, il déclarera, début juin, le pays libéré du virus « grâce à Dieu ».

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À la place des vaccins, qui font l’objet d’une sorte de boursicotage à l’échelle de la planète, le chef de l’État tanzanien a tout d’abord commandé le Covid-Organics de Madagascar, dont aucun essai clinique n’a formellement prouvé l’efficacité face au coronavirus, ni à titre curatif ni a titre préventif. Il promeut désormais une décoction de plantes composée entre autres d’oignon, de gingembre et de citron. Selon la ministre de la Santé, ladite infusion permettrait de se protéger du virus…

L’histoire ne dit pas si Cyril Ramaphosa déplore un manque de solidarité continentale ou s’il se dit, en secret, que ça fera plus de vaccins pour ses concitoyens…

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