Mort de Yasser Arafat

Publié le 13 novembre 2007 Lecture : 3 minutes.

Le jour ne s’est pas encore levé lorsque le médecin général Christian Estripeau, porte-parole du service de santé des armées, s’avance devant une cohorte de journalistes aux aguets devant les portes de l’hôpital Percy, près de Paris. La voix neutre, le visage grave, l’officier lit un bref communiqué : « M. Yasser Arafat, président de l’Autorité palestinienne, est décédé à l’hôpital d’instruction des armées Percy, à Clamart, le 11 novembre, à 3 h 30. »
Âgé de 75 ans, le « Vieux » était hospitalisé à Paris depuis le 29 octobre 2004. En dépit des moyens mis en uvre, Arafat ne vaincra pas sa maladie. Après avoir, pendant plus de cinquante ans, survécu à plusieurs attentats, bombardements, accidents de voiture et même à un crash d’avion, celui que l’on avait surnommé « le trompe-la-mort » mourra loin de sa Palestine chérie. Cancer, empoisonnement ou grippe intestinale, les causes du décès restent aujourd’hui encore un mystère, voire un secret.

Confiné par Israël depuis décembre 2001 à la Mouqataa, son quartier général de Ramallah (Cisjordanie), protégé par une poignée de fidèles, Arafat survit sans eau courante, sans électricité et parfois sans téléphone. Éprouvantes, ces conditions finiront par miner son moral et détruire sa santé physique. Le 27 octobre 2004, ses proches collaborateurs constatent une brusque détérioration de son état de santé. Il perd connaissance pendant un quart d’heure. Le lendemain, une escouade de médecins tunisiens, égyptiens et jordaniens est dépêchée d’urgence à son chevet. Mais faute de parvenir à dresser un diagnostic précis et fiable, ils suggèrent sa prise en charge par un hôpital français. Sans hésitation, le président Jacques Chirac donne son accord pour qu’Arafat soit transféré en France. Alerté, le Premier ministre israélien Ariel Sharon ne s’oppose pas à l’opération. Non seulement il autorise le départ d’« Abou Ammar », mais il accepte que celui-ci puisse revenir en Palestine une fois guéri. Sharon pousse même la mansuétude jusqu’à proposer que des médecins israéliens s’envolent vers Paris pour rejoindre l’équipe soignante. Refus poli des Palestiniens.
Dans la matinée du 29 octobre, la Jordanie affrète deux hélicoptères pour transférer le patient vers Paris, via Amman. La mine hagarde et les gestes hésitants, Arafat embarque en saluant la foule de fidèles venue l’acclamer. Ce sera la dernière fois que celle-ci lui rendra hommage de son vivant.

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À l’extérieur de l’hôpital Percy, radios et télévisions du monde font le siège. Certains parient sur les chances de survie d’Arafat, d’autres spéculent sur les véritables causes du mal. Tout le monde est à l’affût du moindre début d’information. Mais les journalistes le comprennent très vite : les nouvelles seront distillées au compte-gouttes. Les responsables de Percy s’en tiendront au respect du secret médical, et la communication sera totalement verrouillée par l’épouse d’Arafat, Souha, qui veille jalousement sur son mari.
Les premières séries d’examens écartent l’hypothèse d’un cancer. Le leader palestinien ne souffre ni de leucémie ni d’une quelconque tumeur, mais il présente une grave inflammation du tube digestif. Grâce aux soins intensifs, l’état du patient s’améliore au bout de quelques jours. Il s’entretient même au téléphone et fait quelque pas dans sa chambre. On croit alors à un début de guérison. L’espoir est de courte durée. Le 3 novembre, Arafat sombre dans un coma dont il ne se réveillera plus. Ses funérailles, le 12 novembre, dans l’enceinte de la Mouqataa, se dérouleront dans une atmosphère chargée d’émotion.

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