Donald Kaberuka

Président de la Banque africaine de développement

Publié le 13 novembre 2007 Lecture : 3 minutes.

Coorganisateur du sommet Connect Africa, qui s’est déroulé à Kigali les 29 et 30 octobre, le groupe de la Banque africaine de développement (BAD) est très impliqué dans les projets de technologies de l’information et de la communication (TIC). Son président, Donald Kaberuka, en explique les enjeux.

Jeune Afrique : Quelles leçons tirez-vous du sommet ?
Donald Kaberuka : L’engagement a été pris de raccorder toutes les grandes villes du continent à Internet d’ici à 2012 et tous les villages à l’horizon 2015, pour un coût de 55 milliards de dollars, car les TIC sont un vrai espoir pour l’Afrique. C’est un objectif qui ne me paraît pas impossible. À titre de comparaison, le secteur du téléphone mobile s’est considérablement développé en moins de dix ans.

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Comment réunir 55 milliards de dollars ?
Les gouvernements, les bailleurs de fonds, les organisations internationales et les entreprises privées présentes à Kigali se sont engagés à fournir des moyens humains, financiers et techniques. Avec le secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT), Hamadoun Touré, nous avons aussi décidé d’identifier les zones où il convient de créer des technopôles, comme le Kigali Institute of Science, Technology and Management (Kist), qui seront des centres d’excellence régionale. Enfin, nous devons continuer à améliorer le climat des affaires et à former les hommes. L’Afrique connaît aujourd’hui sa meilleure croissance économique depuis les indépendances. Elle doit la consolider pour avancer. Les sociétés de téléphonie ont tiré parti de cette nouvelle donne, qui leur a permis de s’appuyer sur une forte demande, une technologie très accessible et des risques minimes pour réussir.

Quelles améliorations faut-il apporter en priorité au climat des affaires en Afrique ?
Il faut, bien entendu, continuer à réduire les coûts de production des entreprises. Mais il faut aussi permettre au plus grand nombre d’accéder à l’information. Il fut un temps où la compétitivité des entreprises dépendait essentiellement du coût des facteurs de production. Aujourd’hui, c’est la réactivité qui est primordiale. Le téléphone mobile représente une avancée dans cette direction. Mais les coûts pour accéder à cette technologie demeurent élevés, ce qui en prive encore le plus grand nombre.

À quel titre la BAD peut-elle intervenir pour inverser la tendance ?
Depuis mon arrivée, j’ai créé une vice-présidence chargée des infrastructures, du secteur privé, du commerce et de l’intégration régionale. J’ai par ailleurs fait en sorte que la BAD consacre 60 % de ses moyens aux secteurs de l’énergie, des routes et de la communication. Grâce à quoi des fibres optiques peuvent être installées partout où des routes seront construites.

Reste qu’un important effort de formation est indispensable
Évidemment. Si les infrastructures et l’environnement des affaires sont importants, la formation des hommes l’est encore plus. C’est à ce titre que j’ai réussi à faire financer le Kist presque entièrement par la BAD, que je dirige aujourd’hui. À l’époque, j’étais ministre des Finances du Rwanda.

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Combien avez-vous investi à ce jour dans les grands projets d’infrastructures ?
Depuis quelques années, presque 2 milliards de dollars ont été dépensés. Une grande partie de cette somme a servi à construire des routes. L’année dernière, nous avons augmenté le budget consacré aux projets énergétiques. Enfin, l’an prochain, nous devrons encore investir au moins 1 milliard de dollars. Mais l’essentiel n’est pas d’investir pour investir. Je veux que la BAD soit un catalyseur, qu’elle permette d’attirer le secteur privé. C’est ce que nous avons fait pour le satellite panafricain Rascom, en débloquant un prêt de 50 millions de dollars, de quoi permettre son lancement, qui doit intervenir avant la fin de l’année.

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